Mauritania airways : entre l’abandon et la reconquête du ciel mauritanien

Le maintien en vie de filiales déficitaires de Tunisair dont Mauritania Airways, qui assure le transport aérien dans notre pays depuis quelques années, devient de plus en plus incertain pour cette compagnie internationale,…

 

qui vient de tenir des assemblées générales, tacitement placées sous le sceau de l’abandon des zones desservies sans grande rentabilité ou du redéploiement pour faire face à une concurrence de plus en plus rude. Tunisair connait depuis quelques temps quelques couacs dont des retards de vol, la cession à un prix jugé dérisoire des parts détenues dans l’UIB et dans l’UTB, la chute libre du cours de l’action, la sous-valorisation drastique de la compagnie à la bourse, la baisse du chiffre d’affaires, le prix du billet assez réduit, les avantages accordés aux retraités…S’agissant de Mauritania Airways, des experts indiquent que cette société évolue dans un environnement difficile et que la compagnie n’envisage nullement de supporter ce déficit indéfiniment. Plusieurs scénarios sont à l’étude dont celui de la cession pure et simple, surtout que la Mauritanie envisage de créer une autre compagnie aérienne. Si cette option n’est pas retenue, il faut penser à un nouveau redéploiement dans la sous-région, estiment les responsables de Tunisair.

Sur un autre plan, notons que less Assemblées de Tunisair se sont tenues recemment, avec 9 mois de retard, pour cause, dit-on, de maladie de la commissaire aux comptes et pour les besoins du déplacement en Mauritanie pour les comptes de la filiale mauritanienne de la compagnie. Mais elles ont au moins mis fin à un suspense de plusieurs mois, laisse-t-on entendre. Officiellement, dans ces réunions des actionnaires du transporteur aérien national, rien de bien nouveau. Le bilan, on sait qu’il s’était établi à 1328,6 MDT, en baisse de 10 %. Derrière, il y a la diminution du trafic de 7,2% par rapport à 2008, la baisse des tarifs et le passage à la commission zéro pour les agences de voyages en Tunisie, à compter du 1er février 2009. On savait aussi déjà que le résultat net, bénéficiaire, s’était établi à 65 MDT. Derrière, il y a notamment la baisse du prix moyen du carburant et les importantes plus values réalisées par la cession des participations dans le capital des banques UIB (32 MDT) et UTB (4MDT). Tout cela, on le savait depuis la publication des états financiers de l’entreprise. Ce qu’on savait moins, c’est cette hausse de 2 %, à la fin des 9 mois 2010, du nombre de passagers qui devraient se stabiliser à 3 millions 700 mille 368 passagers à la fin de cette année. C’est aussi cette baisse des recettes liées au transport des passagers qui ont eculé de 1,3 %, mais qui devraient remonter à la fin de l’année à 877 MDT contre 859,1 MDT en 2009. Le reste et il sera plus intéressant, on l’apprendra plus tard par le biais du jeu questions-réponses entre petits actionnaires, fâchés, sinon blasés, et direction, un temps délaissée par le reste des représentants de l’Etat au Conseil d’Administration de Tunisair. « Si c’est vrai…On quittera la Mauritanie » D’abord, cette question de la cession des actions de l’UIB et de l’UTB, surtout par les plus values sans lesquels le résultat net de l’entreprise ne serait pas ce qu’il est, même si Tunisair a réalisé un résultat d’exploitation de presque 36,5 MDT. Mais aussi parce que les actionnaires reprochaient à la direction de ne pas avoir vendu au moment où le prix était plus haut. Ce à quoi Nabil Chettaoui répondra que « on a vendu toutes nos participations dans les banques dans le cadre d’une démarche globale de désengagement du secteur bancaire. On n’est pas là pour investir dans les banques, on a trouvé une bonne opportunité et on a fait belle plus-value ». Ensuite, cette question de la seconde filiale de transport aérien aussi après Sevenair [elle aussi déficitaire de 0,7 MDT], de Tunisair. Annoncée en grandes pompes comme un partenariat prometteur, Mauritania Airways. Depuis elle traîne déficit sur déficit et n’arrive pas à dépasser ses difficultés. Au cours de l’exercice 2009, Tunisair a laissé des plumes, 3,2785 MD de déficit et des perspectives qui loin d’être prometteuses, à en croire le Président du groupe Tunisair. « Elle est dans un marché difficile, c’est une petite compagnie qui a démarré par la perte de 12 millions d’euros en 2008. Maintenant le déficit a été divisé par 10, mais il n’y a pas de fatalité », dira Chettaoui avant d’ajouter que « il y a des informations selon lesquelles la Mauritanie ouvrira une nouvelle compagnie aérienne. Si cela se vérifie, nous prendrons notre courage pour quitter ce pays ». Et si Mauritania Airways disparaissait, Tunisair pense déjà à un « Plan B ». Selon l’opportunité, il s’agira soit de se redéployer en Tunisie, soit d’ouvrir une nouvelle compagnie dans la sous-région, selon les précisions de la direction du groupe Tunisair. Une augmentation de capital, c’est presque sûr. Une autre ouverture du capital, c’est moins sûr ! L’autre question que la direction de Tunisair a maintes fois essayé d’esquiver sans pouvoir l’éluder, c’est celle des dividendes. Dépités furent les petits actionnaires, lorsque la direction de Tunisair leur explique que l’entreprise ne distribuera pas de dividende pour les cinq prochaines années. Tunisair a en effet signé une convention avec l’Etat tunisien pour l’exonérer de l’impôt sur les bénéfices dans la cadre d’un plan de soutien à l’entreprise pour son pouvoir concurrentiel et face à l’Open Sky. Cela a coûté 12 MDT à l’Etat qui l’accepte à la condition qu’il n’y ait pas non plus de distribution de dividende pour toute la durée de la convention. Un autre actionnaire essaiera de pousser le PDG dans ses derniers retranchements et évoque le cours bas de l’action Tunisair malgré son important bénéfice, met l’action sur un « plan de flotte financièrement trop lourd » et se demande s’il n’était-il pas judicieux de faire une augmentation de capital, ce qui boosterait la compagnie et si cela ne pourrait pas se faire dans le cadre d’une nouvelle ouverture de capital de Tunisair ? Bon administrateur d’une entreprise publique, Nabil Chettaoui répond que le « plan de flotte a été fait après études et un business plan ». Fier, il ajoute que « il y a une vraie guerre entre banquiers pour financer ce plan ». Bon gestionnaire, il ne s’empêche pas d’indiquer que « Tunisair est sous-capitalisée, c’est une évidence », avant d’ajouter que « avec l’Etat, on met actuellement au point des scénarios d’augmentation de capital ». Un autre représentant de l’Etat au Conseil d’Administration de Tunisair prend alors la parole pour indiquer que « pour l’ouverture du capital, à l’heure actuelle, il n’y a pas de volonté de faire plus et descendre au-dessous de 65 % pour l’Etat ». Le PDG rebondit cependant pour ajouter que « il se peut, il se peut [répétition pour nuancer sa déclaration] que le pourcentage du flottant augmente », après avoir indiqué que « l’étude actuelle d’augmentation du capital va pouvoir générer un autre moyen de gagner [NDLR : un dividende indirect certainement sous forme d’actions gratuites]. On comprend de tout cela que l’Etat et l’entreprise publique étudient 2 possibilités. La première, c’est de faire une augmentation de capital par incorporation des réserves et dotation d’actions gratuites aux actuels actionnaires. La seconde c’est de mixer avec une augmentation en numéraire, ce qui aboutirait à une seconde ouverture du capital. Mais tout cela est encore à l’étude.

Source  :  AfricaManager via Le Rénovateur le 01/11/2010

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page