La nouvelle compagnie aérienne se cherche des ailes : Tout le monde saute sur la proie !

L’affaire n’est pas encore totalement conclue par les négociateurs de la compagnie aérienne mais serait en voie de finalisation pour la doter d’un Boeing du type 737-800 nouvelle génération d’une capacité de 160 sièges et de deux avions turbopropulseur du type ATR (Avion de Transport Régional) de 66 places chacun. A noter que le constructeur d’avions régionaux ATR, dont le siège social est à Toulouse, est le leader mondial sur le marché des turbopropulseurs de 50 à 74 sièges. ATR est un partenariat à parts égales entre Alenia Aeronautica (Groupe Finmeccanica) et EADS.

L’adage le dit : « Chat échaudé craint l’eau froide ». Car tout le monde a en mémoire la mauvaise gestion qui a fait sombré la défunte Air Mauritanie par la faute de l’Etat et de l’affairisme des responsables de la défunte compagnie à l’époque. Résultat, une dette de 11 milliards d’ouguiyas pour un capital d’environ 8 milliards d’ouguiyas. Licenciement de 400 salariés sans autre forme de procès dont le sort de 28 pilotes aux compétences reconnues, et celui du personnel naviguant et au sol dans son ensemble est au chômage. Plus grave encore, sa descente en enfer va commencer quand ses deux avions – qui constituaient l’intégralité de sa flotte – étaient cloués au sol, à l’aéroport d’Orly. La société américaine, International Lease Finance Corporation (ILFC), propriétaire des deux appareils qui avaient été loués par la compagnie aérienne nationale, réclamait le paiement de 750 millions d’ouguiyas, soit 3 millions de dollars, montant équivalent au loyer des deux avions pour quatre mois. Or Air Mauritanie était dans l’incapacité d’honorer sa dette. Ainsi, il ne restait à la Mauritanie que ses yeux pour pleurer.
La fierté nationale touchée par la disparition de la compagnie, Mohamed Ould Abdel Aziz réagit en décidant un peu plus tard de la création d’une nouvelle compagnie aérienne. Elle s’appelle Mauritanie Airlines. L’ambition initiale des autorités, prévoyait d’injecter un capital de 16 milliards d’ouguiyas constitués d’entreprises choisis comme actionnaires de la nouvelle compagnie, notamment : la Société Nationale Minière (SNIM), le Port Autonome de Nouakchott (PAN), le Port de Nouadhibou et la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS). A peine ce capital en voie d’être constitué, la Confédération Générale des Travailleurs de Mauritanie (CGTM) criait au scandale dénonçant l’implication de la CNSS dans le capital de la nouvelle compagnie aérienne à hauteur de 30 % sur une instruction du gouvernement. Or, expliquait il n’y a pas encore longtemps le responsable de la centrale syndicale, la manne financière de cette caisse de prévoyance sociale, est constituée pour l’essentiel, des fonds de pension des travailleurs qui en sont les seuls dépositaires légaux. Il n’est pas certain aujourd’hui que l’ambition de départ se soit concrétisée.

Attention aux entourloupes
Cependant, quelque soit le capital mobilisé, la phase acquisition d’avions de transport, aiguise des appétits. En dépit du silence radio observé par les responsables de cette nouvelle compagnie qui peine encore à prendre les airs, nous avons tout de même pu récolter des bribes d’informations. Selon certaines indiscrétions, le prix catalogue des Boeing 737 varient de 50 à 85 millions de dollars soit environ 13 à 21 milliards d’ouguiyas selon les modèles. Ce prix n’est pas à la portée de la bourse de Mauritanie Airlines. Donc la nouvelle compagnie aérienne ne peut que se rabattre sur des avions de seconde main. Et là, il semble que la compagnie ait jeté son dévolu sur un avion d’Air Sénégal International. Laquelle compagnie, faut-il le signaler, a toujours un contentieux avec son partenaire de la Royale Air Maroc (RAM). Dans ces conditions, on se demande bien comment l’achat de l’avion va se faire.
Hassena Ould Ely, directeur de Mauritanie Airlines a-t-il conscience qu’il marche sur des œufs ? En tout cas sa tâche n’est pas aisée. Dans cette affaire, il a tout intérêt à faire attention aux entourloupes. Parce que jusqu’au palais présidentiel, la demande du chef de l’Etat a aiguisé des appétits. Tout le monde veut plaire au président de la république et s’en mettre plein les poches. Cette aubaine passe à la calculette et fait germer des idées vénales à un entourage carnassier. Tout le monde saute sur la proie. Les uns et les autres s’épient et se dévorent. A chaque clan sa piste et ses recherches de l’oiseau rare. Des gens se télescopent et se détestent. Des loups sortent leurs crocs en vilains prédateurs ; personne ne veut être en marge de cette affaire qui vaut des milliards. D’où les réseaux qui soumissionnent en secret en utilisant des influences cachées ou bien connues ( suivez mon regard). Parce que c’est un avion qu’on achète et non un vélo surtout que l’option du leasing est une opération moins onéreuse, mais où les commissions des uns et des autres restent intactes.
Moussa Diop

Source: Le Quotidien de Nouakchott

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