S.P:A l’épreuve de la guerre contre Al Qaida

Les derniers combats de Hassi Sidi au Nord sont en train de provoquer une véritable onde de choc dans le paysage politique. Figées depuis la dernière élection présidentielle, les lignes politiques sont en passe de bouger. Certains opposants notoires ont déjà amorcé le voyage vers la majorité et certaines composantes de celle-ci se préparent à faire le chemin contraire…

Sous la poussée de la nouvelle guerre contre Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) dont les derniers soubresauts sont marqués par l’attaque franco- mauritanienne du 22 juillet dernier contre les bases de la nébuleuse et plus récemment les affrontements de la mi-septembre, au Nord Mali, entre une unité de l’armée nationale et des combattants d’AQMI, la scène politique nationale semble donc évoluer vers une nouvelle configuration.
Une mouture « en temps de guerre » dont le point saillant devrait être un mouvement d’interversion d’un certain nombre de forces politiques quittant le camp de l’opposition pour intégrer la majorité et d’autres faisant le mouvement contraire pour grossir les rangs des partis hostiles au président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz.
Fait notable dans la première hypothèse, jugée hautement probable par de nombreux observateurs de la scène politique, l’arrivée du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), jusque là principale formation de l’opposition, dans les rangs de la majorité.
Un gros tonnerre dans le ciel politique national et un renfort de taille au profit des partisans de Mohamed Ould Abdel Aziz dont les mauritaniens vivent les signes annonciateurs depuis plusieurs semaines.
Ainsi, le parti d’Ahmed Ould Daddah, encore chef de file de l’opposition démocratique, affiche un soutien patriotique et agissant pour l’armée dans sa guerre contre le terrorisme islamiste.  Pendant que la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD), un collectif d’une dizaine de partis, dont il est membre, dénonce une guerre « par procuration », une aventure au-delà des frontières nationales. Est-ce que cela va provoquer un remue-ménage et une nouvelle redistribution des cartes au niveau du gouvernement ? Tout est possible !
Devraient également prendre le même itinéraire de nombreuses franges issues de formations politiques telles le Pacte National pour la Démocratie et le Développement (PNDD-ADIL) et El WIAM, toutes habituées à vivre au crochet du pouvoir et qui trouvent là une nouvelle occasion pour tenter de revenir dans les bonnes grâces des autorités.

Revers de la médaille
Toutefois, à l’image de la médaille, l’évolution de la guerre contre AQMI, ponctuée par une forte alliance avec la France, comporte également un autre revers. 
De plus en plus irritée par le flirt diplomatique et militaire entre la Mauritanie et la France, ancienne puissance coloniale, la meute du nationalisme et de l’islam militant théoriquement modéré, qui investit actuellement toutes les places fortes au sein du régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz pourrait être amenée à évaluer dans l’autre camp, celui de l’opposition.
Un exercice à l’issue duquel ces idéologues de l’arabité pure de tous les temps devraient logiquement rompre les amarres avec le pouvoir.
Il faut juste comprendre que la réalisation du scénario ainsi envisagé restera grandement tributaire de l’évolution diplomatique notamment des rapports triangulaires entre la Mauritanie et la France, la Mauritanie et l’Algérie, et l’Algérie et la France.
Un monde des rapports diplomatiques conditionnés par la donne sécuritaire dont le fait marquant reste une évolution rapide au gré des événements.
Illustration, avec l’attitude de la France optant d’abord pour la fermeté après le rapt des otages au Nord Niger dans la nuit du 15 au 16 septembre dernier.
Mais depuis lors, la position de Paris a fortement évolué pour arriver presque à une posture de capitulation devant l’Algérie.  D’où une France qui pourrait prendre plus de recule et moins d’arrogance par rapport à l’éradication du terrorisme dans la zone sahélo saharienne grâce au tout sécuritaire.
Une évolution et une possible entente Alger/Paris qui rendrait moins évidente la survie franco mauritanienne contre AQMI, qui vient de prendre un gros coup à la suite des derniers développements sécuritaires entraînant un retour à l’option de la coordination sous régionale.
Beaucoup trop de paramètres et d’intervenants qui peuvent provoquer un véritable séisme sur le plan de la politique intérieur et au plan diplomatique.

Cheikh Sidya

Source  :  RmiBiladi le 30/09/2010

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