Barbichette taillée avec précision, Mohamed Ould Haiba, 57 ans, est un homme affable et courtois. Il est tout juste 8 heures, les embouteillages obstruent déjà le centre de Nouakchott. Mais l’ancien officier de l’armée mauritanienne, qui a servi pendant la guerre du Sahara avant d’être formé à l’artillerie à Draguignan (sud de la France), sera ponctuel.
« Je voudrais adresser mes condoléances au peuple français », commence-t-il. La veille, la cour criminelle de Nouakchott a condamné à la peine capitale l’aîné de ses sept enfants, Maarouf Ould Haiba, pour l’assassinat de quatre touristes français, en 2007. La photo du jeune homme fait la une du quotidien qu’il a parcouru en buvant le thé matinal. « Je n’ai pas honte, c’est mon fils », dit-il doucement.
Mohamed Ould Haiba n’est pas sûr de la culpabilité de Maarouf. « Rien ne me prouve qu’il fait partie de ces gens-là », confie-t-il sans hausser le ton. Au fil de la conversation, il ajoutera, d’une voix identique : « S’il y a des preuves, ça ne me dérange pas qu’on le tue, car il a tué. Nous ne pouvons pas fuir la mort. Mais il faut qu’elle soit légale. »
Résidant à Rosso, à deux heures de route de Nouakchott, il vient souvent rendre visite à son fils en prison. « On se salue, je lui demande ce qu’il reçoit, de quoi il manque, ça dure quinze minutes. » L’épouse de Maarouf, elle, n’est pas toujours autorisée à voir son mari. « Ce n’est pas normal », souligne Mohamed calmement.
Il décrit son fils comme un « enfant tranquille ». « Je n’ai jamais remarqué quoi que ce soit », assure-t-il. A-t-il quelque part failli ? Non, à l’entendre. Pas plus que la mère de Maarouf, dont il s’est séparé en 2001. Il ne trouve pas d’explication. « J’ai toujours rempli mon rôle. Mais quand on vient de la brousse et qu’on arrive en ville, dans une nouvelle civilisation, les choses peuvent se compliquer. Le père n’est pas là, la mère aime trop ses enfants, c’est l’âge où l’on commence à faire des rencontres, alors il y a toujours des errements, des tentations, des erreurs. » Des erreurs qui peuvent coûter la vie…
Marianne Meunier
Source : JA via www.gps.mr le 05/06/2010