La Mauritanie, à l’instar de divers pays du monde a célébré le samedi 01 mai 2010, la journée internationale des travailleurs, ou fête du Travail. Cette fête annuelle a pour objectif des revendications et des manifestations organisées par les mouvements ouvriers regroupés autour de leurs différentes centrales syndicales.
Commémorée le1er mai de chaque année, la fête du travail est une occasion unique pour les travailleurs d’exercer une pression syndicale sur leurs employeurs pour demander une meilleure amélioration de leurs conditions de travail. Pour faire entendre leurs voix, les travailleurs affiliés à la centrale syndicale de la CLTM ont battu le macadam devant pour dire « Non à l’exclusion et à la discrimination », « Non à la politisation de la langue nationale » et « oui pour la justice et l’égalité. » Présentée comme l’espoir de demain et l’avant-garde de toujours par les travailleurs, la CLTM se déclare être « le symbole de la lutte contre l’arbitraire, l’injustice sociale et l’exclusion.» Quittant leur point de départ, sis au carrefour du ministère du pétrole, les camarades de Samory Ould Béye ont manifesté leur colère à travers les rues de la capitale pour demander une meilleure amélioration des conditions de travail, sous une bonne escorte de la police, de la garde et de la gendarmerie. Une occasion pour les Dockers du CSA de marteler leur ire et de réclamer « Une augmentation du port de la tonne à 1000UM. », idem pour nos confrères de la TVM, venus en nombre pour réclamer « Le règlement des augmentations de 50% et de 10%, ainsi que la suppression de l’ITS. » Des cris de colère des travailleurs de la TVM qui viennent s’ajouter à la détresse de leurs confrères de la radio qui réclament quant à eux « Une indemnité de logement au profit des travailleurs. »
Les travailleurs de la société Pizzorno affiliés à la Cltm ont aussi profité de cette journée du 1er mai pour demander une amélioration de leurs conditions de travail. Réunis derrière leur leader syndicale, Mr Samory oul Beye, ils réclament « des moyens de transport pour le personnel, ainsi que des visites et des soins médicaux ».Et c’est devant le stade de la capitale que tout ce beau monde a atterri pour écouter le discours du SG de la Cltm, Samory Ould Béye et le plateforme revendicative de la centrale.
Dégradation de la situation des travailleurs
Fidèle à son verve, le leader de la Cltm n’y est pas allé par quatre chemins pour dénoncer les mauvaises conditions de vie des travailleurs. S’adressant à ses camarades, il déclare que s’ils sont là aujourd’hui, c’est pour commémorer cette journée historique et se rappeler des grandes réalisations arrachées au prix de la souffrance. Selon lui, des milliers de martyrs ont versé leur sang pour la liberté et la dignité, afin que d’autres hommes puissent mener une vie décente dans le respect des principes et droits fondamentaux de l’homme.
Il déclare que la Mauritanie se trouve au bout du gouffre, car l’Etat est dans une tourmente dévastatrice. Citant quelques exemples, il déclare que nos richesses sont soit pillées par les multinationales avec la complicité de l’Etat, soit bradées par les gouvernants qui n’ont souci selon lui, qu’à renflouer leurs poches, alors que la population crève de faim. Poursuivant ses diatribes, le SG de la Cltm a demandé à ses camarades de se mobiliser en vue de défendre l’unité du pays et de faire échouer toutes les visées étroites et obscures. Fustigeant la situation des travailleurs qui selon lui se dégrade et se distingue par la faiblesse du pouvoir d’achat, la hausse vertigineuse des prix, la précarité de l’emploi et l’absence de contrats de travail. Mais aussi par les inégalités énormes, l’exclusion sociale, les pratiques de l’arbitraire et de l’usurpation des droits des travailleurs, la sous-traitance, l’absence de protection sociale et des mesures d’hygiène et de sécurité dans les entreprises, la pratique de l’esclavage et de l’exploitation de l’homme par l’homme et par l’absence d’un véritable rôle de l’administration de travail dans la gestion des conflits de travail et de protection du travailleur. Selon lui, tous ces dysfonctionnements se passent devant l’impuissance de l’Etat à assurer aux travailleurs la protection nécessaire et une garantie du pouvoir d’achat minimal permettant de faire face aux multiples problèmes dont sont victimes les travailleurs. Poussant le bouchon plus loin, le SG de la Cltm dénonce le non respect des textes et la violation des conventions et lois en matière du travail, les énormes disparités et inégalités sociales qui creusent le fossé entre les riches et les pauvres, la discrimination systématique devant la fonction publique.
Pour l’instauration de la justice sociale
Pour faire face aux nombreuses problèmes des travailleurs, le SG de la Cltm déclare que sa centrale s’engage à combattre l’injustice et l’arbitraire dans tous ses formes et qu’elle œuvrera pour l’instauration de la justice, du bien être et du progrès social. Il indique que la Cltm restera ouverte au dialogue et à la concertation constructive. Concernant le débat sur l’arabisation de l’administration, Mr Samory Ould Béye estime que la question de la langue ne doit pas être utilisée comme idéologie et instrument de discrimination et d’exclusion, mais une langue et un outil de développement et de rayonnement culturel.
Dénonçant les obstructions aux libertés syndicales, il affirme que plusieurs travailleurs des différentes structures syndicales sont pris en otage par certains Directeurs d’Etablissements publics, les empêchent de faire la marche, citant comme exemple, le Directeur de la Somelec.
Dans leur plateforme revendicative, le Bureau exécutif de la Cltm fustige la dégradation des conditions de vie des travailleurs, de la hausse vertigineuse des prix, ainsi que l’absence d’un dialogue social avec les autorités. Selon eux les mesures unilatérales prises par le gouvernement ont constitué un coup dur pour les travailleurs. Accusant le gouvernement d’être la cause de la grève des 15, 16, 17 mars 2010, suite au refus de la main tendue des syndicats d’ouvrir un dialogue en vue d’arriver à un climat social, le Bureau Exécutif de la Cltm réclame entre autres, l’ouverture immédiate d’un dialogue social, la révision à la hausse des indemnités de transport et de logement, le bannissement de l’esclavage, , la convocation des états généraux de l’Education et l’implication effective de toutes les énergies nationales, afin de sortir avec une nouvelle vision du système éducatif, le bannissement de l’exclusion et de la discrimination, la promotion de la justice et de l’égalité sociale…
Dialtabé Diop
Source : www.quotidien-nouakchott.com le 02/05/2010