Pêche : Les poissonneries d’avril!

En janvier 2009, Le Président de la République, Mohamed Ould Abdelaziz, donnait instruction pour la construction de 53 poissonneries à travers le pays en vue d’assurer l’approvisionnement des populations en poissons, riches en protéine. L’argent public avait même été mobilisé, environ cent millions d’ouguiyas, pour servir de fonds de roulement à ces poissonneries. Beaucoup d’entre elles furent construites mais elles risquent de finir en ruine, sans servir l’objectif visé. Quant aux fonds alloués, on ne sait pas ce qui en est advenu.

Les richesses halieutiques auraient pu assurer un approvisionnement conséquent des populations en protéines. C’était en tout cas l’idée donnée au Président de la République alors que la menace de la crise alimentaire pointait sur le pays. L’idée soutenue par le Président était de créer des poissonneries dans toutes les moughataa et d’en assurer l’approvisionnement en mettant sur pied un office national des poissonneries.

Exécution confiée au SG et…à la DSPCM
L’idée présidentielle avait donc fait son chemin. Des mesures ont été prises à cet effet dont notamment l’engagement d’un consultant pour former le personnel, essentiellement des femmes, aux bonnes pratiques de traitement et de vente de poissons. Des locaux ont été construits et des fonds de roulement ont été alloués à ces entités sur une période de six mois, au moins. Tout cela a été fait sur les fonds propres de l’Etat mauritanien en mettant à contribution les administrations sous tutelle du ministère des Pêches. La décision prise de créer des poissonneries trouvait dans l’interdiction de l’exportation de certaines espèces de grande consommation en Mauritanie comme le mulet ou encore la courbine, matière à succès. Il n’en a rien été malheureusement. Et tout aujourd’hui semble figé depuis la construction des poissonneries. Le personnel formé est depuis livré à lui-même et les poissonneries livrées clef en main tombent en ruine graduellement. Les montants alloués pour cette opération environ 100 millions d’ouguiyas, qui auraient été déchargés par les services compétents du ministère de la Pêche, restent introuvables ? Les plus optimistes évoquent un «compte spécial » affecté à l’opération. Mais une chose est sûre : la confusion des responsabilités dans la mise en place et le suivi de la création de ces poissonneries. Une véritable cacophonie enveloppe cette affaire dont on ne sait pas de qui elle dépend véritablement. Tantôt, c’est le ministère de tutelle qui serait concerné par la réalisation de ce projet ; tantôt c’est la délégation à la surveillance des pêches et au contrôle en mer qui se mue en institution de développement, pour assurer la mission d’approvisionnement du marché. Toujours est-il que nonobstant cette confusion dans les rôles, les langues se délient et on évoque un montant boiteux au départ.

Le projet a-t-il avorté?
Il faut croiser les doigts pour que tout l’argent dépensé en formation et logistique ne suive pas les mêmes méandres du crédit maritime. Une autre affaire qui en dit long sur la gestion de ce secteur. En effet, certaines sources parlent d’une organisation floue qui a rendu le projet de création des poissonneries «pratiquement irréalisable». En effet, et comme le confirmerait la dernière passation de pouvoirs entre les deux secrétaires généraux du département, cette affaire aurait été passée sous silence. Il n’y aurait pas de trace à ce projet pourtant gigantesque par son architecture et effectif par le renflouement des fonds du ministère. Le chevauchement entre le rôle du secrétariat général du département et le délégué à la surveillance des pêches suscite des interrogations.
Les observateurs se posent de plus en plus de questions sur l’avenir du projet et craignent même de le voir mort-né. Au lieu d’un poisson, les consommateurs auront eu droit, avec l’avortement annoncé, à des poissonneries d’avril entières.
Nous y reviendrons
JD

Source: Le Quotidien de Nouakchott

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