De quel côté souffle le vent à Nouakchott ?

C’est la première fois qu’on voit des partis islamistes et panarabes s’allier à la lumière du jour.

 Cette union des contraires, célébrée sur le sable mouvant de  la politique politicienne,  ne contribuera sans doute pas à éclairer la lanterne des observateurs à propos de ces hommes qui ont récemment fait allégeance au guide libyen. Le baathisme n’est-il pas d’obédience socialiste et d’objectif nationaliste ? L’islamisme n’est –il pas la célébration de l’élévation de l’homme – islamisé et «désoccidentalisé »- au dessus de toute contingence ethnique, linguistique ? Alors que le baathimse veut sauver l’arabe du sous –développement, l’islamisme veut- en paraphrasant Pascal à propos de la chrétienté- rendre l’homme musulman. Le premier courant est bien terrestre. Le deuxième est transcendantal. Chacun à son  héros. Dans le baathimse, Michel Aflak pèse le poids de Lénine dans le socialisme. Saddam Hussein incarne Staline. Dans l’islamisme, Ben Laden s’impose sur tous les doctrinaires, nombreux et irréconciliables de l’Egypte, à la Turquie. Or, quoi de plus opposé que Ben Laden et Saddam Hussein ?Qui a le plus combattu l’islamisme que les régimes d’Irak et de Syrie, convaincus que seule la valeur travail incarnée par le baathisme pouvait tirer les pays arabes de la léthargie ?  Hélas, c’est à Nouakchott que les frères ennemis fument le calumet de la paix, loin de la lettre et de la doctrine. Or, est-il utile de le rappeler, il n’est jamais facile chez nous de faire le distinguo entre ces deux courants dont le timing de la réunion, le procédé, l’intitulé, et le commentaire, semble obeïr à un calendrier tracé d’avance par Tripoli et nourri par des considérations exclusivistes et dangereuses.  Beaucoup d’observateurs pensent que cette union passagère  cache en réalité un coup fourré. Un simple flirt politique ? En tout cas, ça et là,  les champions de l’esbroufe se préparent à la saison de la chasse dans l’espoir d’être repêchés par l’UPR, qui mène actuellement campagne d’implantation tambour battant. Etrangement, tout le monde veut être gibier. Tout le monde veut grossir pour être remarqué et repêché. Et dans la course contre la montre qui a commencé, certains sont prêts à faire feu de tout bois pour survivre dans le champ politique mouvant.

M.S

 

Source  :  Mauritanies1  via  www.mauritanies1.com  le 13/04/2010

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