PROJET DE REVISION CONSTITUTIONNELLE AU CONGO : Sassou veut-il finir comme Blaise ?

Au Congo, l’opposition politique est en train d’affûter ses armes pour contrer le président Sassou dans sa volonté de modifier la Constitution de son pays pour briguer un troisième mandat en 2016, à l’issue du deuxième et dernier mandat constitutionnel qu’il exerce actuellement.

Ainsi, suite à l’annonce, la semaine dernière par le chef de l’Etat, de l’organisation prochaine d’un référendum pour changer de Constitution, elle a sonné, dimanche dernier, la mobilisation de ses troupes pour un test grandeur nature, afin de porter à l’homme fort du Congo, le message de la désapprobation de son projet par une importante partie du peuple qui aspire à l’alternance et pense qu’après 32 ans de pouvoir cumulés, il est temps pour Sassou NGuesso de passer la main. Et pour un coup d’essai, l’on peut dire que ce fut un coup de maître car, de mémoire de Congolais, jamais l’opposition n’avait réussi une telle mobilisation depuis le retour de Sassou au pouvoir en 1997, après la parenthèse Pascal Lissouba.

Rien ne semble indiquer que Sassou renoncera à son projet funeste

Mais Sassou l’entendra-t-il de cette oreille ? Rien n’est moins sûr. Surtout, quand on voit le nombre de verrous qu’il est prêt à faire sauter dans la Constitution actuelle, notamment le nombre des mandats limités à deux (qu’il a déjà consommés) et la limite d’âge (70 ans, il en a plus), pour se maintenir dans la compétition électorale. Rien ne semble donc indiquer que Sassou renoncera à son projet funeste. Au contraire, tout porte à croire qu’il s’inscrira dans les pas d’un certain Blaise Compaoré. Il mettra tout en œuvre pour tenir son référendum qui doit lui ouvrir la voie à un règne ad vitam aeternam sur son pays. Et les mêmes causes produisant les mêmes effets, il y a lieu de craindre pour le Congo qui, s’il n’y prend garde, risque de s’engouffrer dans un cycle de violences à l’issue incertaine. Car, si le cas burundais peut servir d’adjuvant pour le président congolais dans une éventuelle épreuve de force avec son  peuple, l’exemple burkinabè pourrait donner des ailes à ses adversaires pour contrecarrer ses plans. D’autant plus que de l’autre côté du fleuve, à Kinshasa, le même scénario semble se dessiner, avec un président Kabila qui fait de moins en moins mystère de sa volonté de briguer lui aussi un troisième mandat que lui interdit pourtant la Constitution actuelle de son pays. Et une opposition qui se mobilise aussi pour lui barrer la route. Si fait qu’aujourd’hui, ce qui frappe, c’est l’entêtement quasi suicidaire des deux présidents congolais dans leur projet de modification constitutionnelle pour prolonger leur bail à la tête de leur Etat, alors que l’histoire fournit des signaux très forts sur les dangers que de telles entreprises font courir à leur peuple. Non seulement leur attitude apparaît comme un anachronisme dans une Afrique en pleine mutation, plus que jamais engagée dans le combat pour l’alternance et l’approfondissement de la démocratie, mais aussi elle intervient au lendemain des événements qui ont secoué d’autres pays africains comme le Burkina Faso et le Burundi avec les conséquences que l’on sait. Aussi, en arrive-t-on quelquefois à se demander si ce ne sont pas des apatrides qui gouvernent certains pays africains. Ces dirigeants sont-ils réellement mus par un sentiment d’amour pour leur patrie ? L’on peut en douter. Les délices du pouvoir méritent-ils à ce point de sacrifier son peuple sur l’autel d’intérêts personnels et claniques? Assurément, non ! C’est pourquoi le comportement de certains chefs d’Etat africains font du continent, la risée du monde, la risée des peuples qui vivent et connaissent les vertus et bienfaits de la démocratie.

Il appartient avant tout au peuple congolais de se libérer

Avec cette volonté affichée de contourner les textes fondamentaux de son pays pour rester au pouvoir, Denis Sassou Nguesso est en train de s’inscrire dans cette lignée. Mais qui l’arrêtera ? Quand on voit comment son collègue burundais a ouvert les portes de l’enfer à son peuple pour réussir sa forfaiture, l’on ne peut s’empêcher de penser que la tentation est grande, que Sassou emprunte le même chemin pour parvenir à ses fins. Qui l’arrêtera donc, quand on sait que la France, dont la voix porte mais qui est depuis de longs mois fortement préoccupée à rechercher un équilibre pour son économie rudement éprouvée par une crise qui n’en finit pas de s’aggraver, risque de marcher sur des œufs au Congo où elle a des intérêts importants. Elle ne devrait donc pas brandir le bâton contre Sassou. Qui arrêtera Sassou, quand on sait que généralement, les dictateurs comptent sur l’armée pour s’imposer à leur peuple ? La Grande muette congolaise saura-t-elle, comme au Burkina Faso, prendre le parti du peuple ? Ou bien celui du satrape? Fera-t-elle comme au Burundi? En tout cas, face à l’irresponsabilité de Sassou, il appartient avant tout au peuple congolais de se libérer. Mais il aura besoin de l’aide et de l’appui de la communauté internationale, même si ce n’est pas tout. En cela, l’Union africaine (UA) a un rôle important à jouer en termes d’anticipation. Il faut qu’elle sache se prononcer à temps, et surtout fasse preuve de fermeté comme cela a été récemment le cas au Burkina Faso, afin que les autres organisations internationales puissent éventuellement lui emboîter le pas. C’est à ce prix que le Congo pourrait peut-être éviter le scénario catastrophe  qui semble se dessiner petit à petit. Autrement, il pourrait pleuvoir abondamment sur Brazzaville.

Le Pays

 

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Source : Le Pays (Burkina Faso)

 

 

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