Courrier expat – À la suite des coupes budgétaires décidées par Donald Trump, de nombreux chercheurs américains risquent de déménager à l’étranger, prévenait la revue Nature au printemps dernier. Une tendance confirmée depuis par le nombre de candidatures aux programmes de recherche européens, indique le Financial Times.
Les candidatures aux bourses du Conseil Européen de la Recherche (ERC) destinées aux jeunes chercheurs ont augmenté de 22 % par rapport à l’année dernière. Sur près de 250 candidatures provenant de pays non européens, 169 sont venues des États-Unis – soit presque trois fois plus qu’en 2024. Quant aux bourses ciblant les scientifiques confirmés, elles ont progressé de 31 % par rapport à l’année dernière – et de 82 % par rapport à 2023, souligne le quotidien britannique.
“Les meilleurs chercheurs américains se précipitent pour s’installer en Europe”, annonce Politico. Le média met en cause le climat “de plus en plus hostile à la recherche universitaire” sous l’administration Trump.
Le phénomène représente une “victoire” pour la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui a œuvré pour attirer les chercheurs américains, explique Politico. “L’Europe s’est positionnée comme un havre de paix en mettant l’accent sur la liberté académique et en augmentant les aides financières pour les chercheurs souhaitant s’y installer.”
La recherche américaine “en perdition”
Des initiatives ont été lancées un peu partout pour accueillir des scientifiques américains. “On compte désormais plus de 70 initiatives nationales ou régionales destinées à attirer les chercheurs”, selon la commissaire européenne à la recherche, Ekaterina Zaharieva.
Un “gain de cerveaux” salué, par exemple, par l’Académie autrichienne des sciences : le pays s’apprête à accueillir 25 chercheurs américains dans le cadre d’un nouveau programme de bourses. “Ils apportent des idées neuves, des perspectives inédites et des réseaux internationaux : c’est un atout majeur pour la science autrichienne et un formidable coup de pouce pour le rayonnement à l’étranger de notre pôle de recherche”, se félicite le président de l’Académie, Heinz Faßmann.
De son côté, la chaîne américaine PBS donne la parole à des scientifiques qui ont déjà quitté les États-Unis ou qui tentent de partir.
Anna Darling, chercheuse en neurosciences à l’Université d’État de l’Ohio, a appris récemment que son programme ne serait pas financé. Elle confie : “Je pensais que seule la fin du monde pourrait m’empêcher de décrocher mon doctorat. Mais ici le monde de la recherche, du moins dans les universités, est en perdition.”
Stephen Jones, un biochimiste, avait constaté dès le premier mandat de Donald Trump la montée d’un “sentiment antiscience” Il n’a pas attendu sa réélection pour postuler à l’étranger. Aujourd’hui, il est à la tête d’un laboratoire de recherche dans une université lituanienne. Surpris par sa décision voilà cinq ans, des collègues américains lui demandent à présent conseil.
Pour saisir cette “opportunité historique”, la Commission européenne a alloué cette année 500 millions d’euros à l’accueil des chercheurs étrangers dans le cadre du programme Choose Europe. Une somme qui, comparée aux subventions de plusieurs milliards de dollars gelées par l’administration américaine, semble “dérisoire”, notait Nature voilà plusieurs mois.
Et la revue soulignait au passage que si les jeunes chercheurs peuvent se permettre la mobilité, les scientifiques confirmés, quant à eux, “pourraient avoir plus de difficultés à quitter les États-Unis”.
Source : Courrier expat – (Le 26 novembre 2025)
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com




