Une nouvelle instance antiterroriste américano-algérienne

Des responsables algériens et américains se sont réunis pour parler des moyens de s’assurer qu’al-Qaida ne tentera pas de profiter des troubles dans la région pour étendre son influence.

 

 

 

Le nouveau « groupe de contact » pour la collaboration antiterroriste entre les Etats-Unis et l’Algérie a tenu sa première réunion le jeudi 3 mars à Alger.

La création de ce groupe de contact a été « un moment historique pour l’évolution de la coopération bilatérale en matière de sécurité », a déclaré David Benjamin, coordinateur en matière de lutte antiterroriste au département d’Etat, qui coprésidait cette réunion avec le conseiller présidentiel algérien Kamel Rezzag Bara.

« Ce mécanisme fournit un nouvel élan qualitatif visant à renforcer le partenariat stratégique entre les Etats-Unis et l’Algérie… et à intégrer toutes les dimensions, qu’elles soient politiques, diplomatiques, sécuritaires, juridiques, financières, opérationnelles ou relatives à l’assistance technique », a-t-il ajouté.

Benjamin a rencontré un certain nombre de responsables de la sécurité et de l’armée pour évoquer la situation actuelle dans la région du Sahel-Sahara et en Afrique du Nord, notamment des troubles en Libye. Les experts ont examiné les moyens permettant d’empêcher al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) de profiter des récentes révolutions démocratiques pour étendre ses opérations.

Les participants à cette rencontre ont également passé en revue l’état des relations entre les groupes terroristes et les réseaux du crime organisé.

Le diplomate a déclaré vendredi à la presse que les Etats-Unis ne permettront pas aux groupes terroristes d’exploiter les révolutions du peuple arabe. Soulignant le travail de l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme, l’ambassadeur a déclaré que l’Amérique s’attachera à protéger ces soulèvements populaires. Il a également souligné la nécessité d’échanger des informations sur les mouvements des personnes et des armes.

Ce responsable américain s’est aussi dit préoccupé par la situation sécuritaire dans la région du Sahel. Il a attribué le peu de résultats enregistrés à ce jour à l’étendue du Sahara et à l’insuffisance de la coordination entre les Etats de la région.

« Même si la situation n’empire pas, nous nous devons de rester vigilants », at-t-il déclaré. L’Algérie s’attend à ce que des implications sécuritaires proviennent des incidents qui surviennent dans certains pays, et craint qu’AQMI ne tente d’exploiter la situation pour mener des attentats terroristes. Les autorités algériennes se sont dites particulièrement préoccupées par les islamistes qui se sont échappés de prison en Tunisie, en Libye et au Mali.

Elles craignent que des réseaux de trafiquants d’armement ne puissent voler d’importantes quantités d’armes qui appartenaient à l’armée libyenne. La longueur et la porosité de la frontière entre l’Algérie et la Libye viennent s’ajouter à leurs inquiétudes. L’Algérie a déjà renforcé sa sécurité sur ses frontières orientales et méridionales au lendemain des troubles.

Quant à la situation en Libye, Benjamin n’accorde que peu de crédit au leader libyen Moammar Kadhafi lorsque celui-ci accuse al-Qaida d’être à l’origine de la révolte.

« Ce sont les aspirations du peuple libyen qui ont parlé », a déclaré ce responsable américain, « pas al-Qaida ». Il a précisé que le déploiement de forces armées américaines au large des côtes de la Libye est lié à des raisons humanitaires et a pour but l’évacuation de civils. Il a également réfuté le fait que son pays souhaite implanter des bases militaires en Afrique.

Concernant la montée des groupes islamistes dans la région, comme le mouvement Ennahda dans la Tunisie post-révolutionnaire, l’ambassadeur a indiqué que « les Etats-Unis sont prêts à coopérer avec tout groupe non violent », dès lors qu’il respectera la démocratie et les droits de l’Homme.

Walid Ramzi et Nazim Fethi

Source  :  Magharebia le 07/03/2011

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