Tentative de coup d’Etat au Bénin : pourquoi la Cedeao est intervenue

Au Bénin, après la tentative de coup d’Etat survenue le 7 décembre, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest a annoncé qu’elle allait immédiatement déployer des troupes dans le cadre de sa force en attente. Une exception depuis huit ans.

Le Monde  – Fragilisée par les coups d’Etats qui se sont succédé dans la région depuis 2020, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) va-t-elle retrouver son rôle d’instance régulatrice dans la sous-région ? L’organisation a indiqué, dimanche 7 décembre, qu’elle ordonnait le déploiement immédiat au Bénin de troupes après qu’un groupe de militaires a annoncé, plus tôt dans la journée, avoir « démis Patrice Talon de ses fonctions de président de la République ». Une tentative de putsch qui a finalement échoué.

D’après le communiqué de la Cedeao, les forces envoyées au Bénin arriveront du Nigeria, de la Sierra Leone, de la Côte d’Ivoire et du Ghana avec pour mission de soutenir « le gouvernement et l’armée républicaine du Bénin » et « préserver l’ordre constitutionnel » dans le pays.

Des tirs ont été entendus dimanche, vers 7 heures, dans plusieurs quartiers de la capitale économique béninoise, Cotonou, notamment à Camp Guezo, près du domicile du chef de l’Etat. En milieu de matinée, des officiers en treillis et casqués se réclamant d’un « comité militaire pour la refondation » sont apparus sur la chaîne de la télévision nationale. Après avoir désigné le lieutenant-colonel Pascal Tigri comme leur meneur, ils ont annoncé la « suspension de la Constitution, la dissolution de toutes les institutions et des partis politiques ».

Mais les autorités n’ont pas tardé à reprendre le dessus. A la mi-journée, le ministre de l’intérieur béninois Alassane Seidou a déclaré à la télévision nationale que le putsch avait échoué grâce à la réaction des forces armées béninoises qui ont permis de « garder le contrôle de la situation ».

Appui de la France

Dans sa riposte, l’armée loyaliste a reçu, à la demande des autorités, un appui de l’armée de l’air nigériane, selon un communiqué publié dans la soirée de dimanche par Abuja. Une action, précise la présidence nigériane, qui s’inscrit dans le cadre du protocole de la Cedeao de 1999, relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement, de maintien de la paix et de la sécurité qui interdit « tout changement anticonstitutionnel, de même que tout mode non démocratique d’accession ou de maintien au pouvoir ».

Le soir même, l’organisation sous-régionale a annoncé le « déploiement immédiat d’éléments de sa force en attente ». Héritière de la Brigade de surveillance du cessez-le-feu de la Cedeao, créée en 1990 pour intervenir au Liberia, un pays alors en proie à une guerre civile, cette force est composée de soldats, de policiers et de civils issus des pays de l’organisation.

L’Elysée a par ailleurs fait savoir, mardi, que la France avait apporté un « appui en termes de surveillance, d’observation et de logistique » aux forces armées du Bénin « à la demande » des autorités de Cotonou. Emmanuel Macron s’est entretenu dimanche avec son homologue Patrice Talon, ainsi que les présidents du Nigeria, Bola Tinubu, et de la Sierra Leone, Julius Maada Bio – ce dernier assurant la présidence de la Cedeao.

Crédibilité en jeu

La démonstration de fermeté de l’instance tranche avec la relative impuissance dont elle avait fait preuve depuis plusieurs années. La dernière intervention armée de la Cedeao dans un pays afin de rétablir la démocratie remonte à janvier 2017, en Gambie, où Yahya Jammeh avait refusé de quitter le pouvoir après avoir perdu l’élection présidentielle du 1er décembre 2016 contre l’actuel président Adama Barrow, alors opposant. Avant cela, l’organisation était déjà intervenue militairement au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée-Bissau.

La Cedeao a pâti de l’arrivée au pouvoir, depuis 2020, de juntes militaires dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest – le Mali, la Guinée, le Burkina Faso et le Niger. En janvier, Bamako, Ouagadougou et Niamey se sont retirés de l’instance, après avoir formé, en septembre 2023, l’Alliance des Etats du Sahel.

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Source : Le Monde 

 

 

 

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