Psychologie – Expatriation : comment tenir quand on a “le cœur dans deux endroits”

Que se passe-t-il lorsque le mal du pays ne s’apaise jamais ? Dans une chronique du “Guardian”, une psychologue décrit l’expérience intime de ceux qui vivent loin des leurs. Entre perte, attachement et reconstruction, un équilibre fragile se dessine.

Courrier expat   –  Dans la chronique “The modern mind”, consacrée aux questions de santé mentale et publiée par The Guardian, la psychologue Gaynor Parkin explore un malaise que nombre d’expatriés reconnaîtront : le mal du pays qui ne s’apaise pas, même après des années. À travers le récit de “Suzanne”, personnage composite élaboré par l’autrice à partir des expériences croisées de plusieurs expatriés qu’elle a accompagnés, elle montre comment la distance finit par devenir une forme de deuil sans résolution, où le quotidien perdu pèse plus lourd que les grandes occasions manquées.

Dès le début, Suzanne avoue son désarroi : “Je n’ai pas les mots pour le décrire correctement, je me sens juste au mauvais endroit et je n’ai pas envie d’être ici.” Une visite prolongée dans son pays d’origine, censée l’aider à rentrer plus sereine, n’a fait que raviver le manque : “Je pensais qu’un séjour plus long et plus de temps avec tout le monde rendraient le retour plus facile, mais en réalité cela l’a rendu plus difficile.”

Ce qui lui manque surtout, explique-t-elle, ce sont les gestes ordinaires : “Les anniversaires, passer prendre le thé, prévoir de se voir la semaine prochaine ou se retrouver pour un week-end.” Cette absence répétée crée une blessure que les retrouvailles ne peuvent combler :

“Je pense que c’est impossible : aucune visite ne peut compenser le fait que je ne suis pas là la plupart du temps.”

Pour Parkin, cette douleur relève de la “perte ambiguë” décrite par la chercheuse Pauline Boss, une forme de deuil sans fin : les proches sont présents dans la vie mentale, joignables, visibles par écran, mais inaccessibles physiquement. Cette tension émotionnelle se manifeste chez de nombreux expatriés qui, comme Suzanne, vivent “le cœur dans deux endroits” et naviguent difficilement entre gratitude pour la vie qu’ils se sont construite et chagrin pour celle qu’ils ont laissée.

La psychologue rappelle que la cohabitation d’émotions opposées – joie et tristesse, ancrage et manque – n’a rien d’illogique : le cerveau les intègre conjointement. Pour continuer à avancer, Suzanne tente de suivre les conseils de la spécialiste du deuil Lucy Hone et d’aborder cette douleur par “fragments gérables”, en alternant confrontation et détour.

L’article se conclut sur une évidence que connaissent bien les migrants, les familles éclatées et tous ceux qui vivent loin : aimer plusieurs lieux à la fois implique de ne jamais cesser de dire au revoir. Mais un cœur partagé peut aussi trouver son équilibre – non pas en refermant le manque, mais en lui faisant une place.

 

 

Source : Courrier expat

 

 

 

Suggestion Kassataya.com :

Psychologie – “S’expatrier, c’est vivre deux vies en même temps”

 

 

 

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