
Agence de Presse Africaine – De Nouakchott à Banjul, en passant par Dakar, Bamako, Abidjan, Conakry, Dosso, Toma et Cotonou, l’actualité de ce lundi 20 octobre 2025 reflète les défis et avancées de la sous-région : réparation du passé, réformes institutionnelles, tensions sociales, processus électoraux, sécurité, sports — et désormais l’autonomisation des femmes rurales en Gambie.
Le média sénégalais Seneweb rapporte que le gouvernement mauritanien s’apprête à franchir une étape majeure dans la gestion du passif humanitaire issu des événements de 1989. Selon les informations de « Trust Magazine » reprises par Emedia, environ 26 milliards d’anciens ouguiyas seront débloqués dans le cadre d’une indemnisation destinée aux victimes et ayants droit, marquant une reconnaissance officielle de ce drame longtemps enfoui. Une réunion s’est tenue le 18 octobre à Nouakchott, réunissant victimes, survivants et personnalités politiques. Le député Khally Mamadou Diallo y a exprimé son soutien inconditionnel, appelant à une démarche « transparente » dans laquelle « toutes les victimes verront leurs droits rétablis » et « les coupables répondront de leurs actes devant la justice ».
Le coordinateur des victimes, Ousmane Lo, a présenté un rapport confirmant que les autorités ont donné leur accord de principe pour entamer les versements. À rappeler que les violences de 1989, déclenchées par un différend frontalier entre éleveurs mauritaniens et agriculteurs sénégalais, ont causé des milliers de morts, des expulsions massives et un exil forcé vers le Sénégal, le Mali et d’autres régions de la Mauritanie — bouleversant profondément le tissu social de la zone frontalière du fleuve Sénégal.
Toujours sur le terrain de la justice et de la mémoire, Pressafrik relaie la réaction de Me Amadou Sall, ancien ministre de la Justice du Sénégal, qui appelle à la prudence dans la relance du dossier des victimes des manifestations de 2021 à 2024. Il demande que les responsabilités soient situées « objectivement », notamment en identifiant ceux qui avaient appelé les jeunes à descendre dans la rue. L’ancien Garde des Sceaux met en garde contre un « précédent dangereux » et plaide pour que les enquêtes soient menées dans la transparence, tout en rappelant la nécessité de respecter la hiérarchie des ordres donnés au sein des forces de sécurité.
En Gambie, via le média FatuNetwork, un projet agricole d’envergure soutenu par l’ActionAid International et l’Union européenne est officiellement remis à la communauté de Toro Bah. Sur une surface de trois hectares entourés d’une clôture et dotés d’un approvisionnement en eau fiable, ce jardin bénéficiera à 211 femmes agricultrices, souvent affectées depuis des années par des animaux errants et une infrastructure déficiente. Le projet, financé à 90 % par l’UE, s’étendra sur trois ans et vise notamment à produire et distribuer 54 000 tonnes d’engrais organique tout en formant 25 000 femmes aux méthodes agro-écologiques.
Selon les bénéficiaires, « c’est comme si nous étions au paradis : le jardinage a toujours été notre principale source de revenus, mais l’intrusion constante des animaux l’a rendu dévastateur». Le représentant d’ActionAid a précisé que ce jardin sera un hub agricole essentiel pour l’autonomisation des femmes dans la région. À noter que d’autres initiatives similaires avaient déjà été recensées, notamment l’installation d’un système d’eau pour le jardin des femmes de Sohm (West Coast Region) par la section gambienne de REFELA. Ces actions révèlent un accent accru sur l’agriculture féminine et l’agro-écologie dans la gouvernance locale.
Au Mali, la DNP, citée par Maliweb, anticipe une véritable explosion démographique : le pays pourrait dépasser les 50 millions d’habitants en 2050, contre environ 25 millions aujourd’hui. Une dynamique portée par un fort taux de fécondité et une espérance de vie en hausse, mais qui impose d’importants défis en matière d’éducation, d’emploi et de logement. La région de Ségou s’impose désormais comme la plus peuplée du pays, devant Koulikoro et Bougouni. Les autorités sont appelées à adapter leurs politiques publiques à cette réalité en mutation rapide.
Sur un autre front, au Mali Bamada.net signale une tension sociale apaisée après la polémique née des propos d’Aboubacar Sidiki Fomba, membre du Conseil national de la Transition, accusant certains chauffeurs-citernes de complicité avec des groupes armés. Face à la colère des transporteurs, le responsable malien a présenté publiquement ses excuses, reconnaissant un « malentendu ». Cet épisode met en lumière les risques encourus par les transporteurs dans un contexte sécuritaire dégradé, ainsi que les défis de communication et de confiance entre l’État et les corps professionnels.
En Guinée, Africaguinee fait état d’un vaste remaniement au sein du ministère de la Justice et des Droits de l’Homme décidé par le président Mamadi Doumbouya. Ce réaménagement touche à la fois le cabinet ministériel et les services déconcentrés, signe d’une volonté de redynamiser la gouvernance judiciaire. Parmi les principales nominations figurent celles de Sékou Ibrahima Soumah à l’Inspection générale et de Mohamed Lamine Samaké à la Direction du bureau de stratégie et de développement.
Pendant ce temps, en Côte d’Ivoire, Abidjan.net rapporte que la Commission électorale indépendante (CEI) a prolongé jusqu’au 22 octobre la distribution des cartes d’électeur, initialement prévue pour s’achever ce lundi. Cette mesure vise à garantir la participation de tous les électeurs avant les prochains scrutins. La CEI invite les citoyens à faire preuve de civisme, rappelant les documents nécessaires au retrait et autorisant, à titre exceptionnel, l’usage de l’ancienne carte d’électeur.
Au Burkina Faso, l’Agence d’Information du Burkina (AIB) met en avant une initiative citoyenne : à Toma, dans la province du Nayala, la police a lancé une opération baptisée « police de nuit ». Menée conjointement avec les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), cette action vise à renforcer la sécurité nocturne et à restaurer la confiance entre les forces de l’ordre et les habitants. Douze motos ont été saisies et deux individus interpellés lors de la première nuit de patrouille.
Source : Agence de Presse Africaine (APA)
Suggestion Kassataya.com :
Lettre ouverte de Mamadou Baidy Gaye, victime des événements de 1989 en Mauritanie
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