Cultures Mauritanie – «Dès ma tendre enfance, j’ai découvert de grands artistes comme Sugar Hill Gang et Grandmaster Flash, en écoutant des vinyles. Ensuite, par la danse, cela nous est parvenu à Nouakchott avec MC Solaar de France et Benny B de Belgique », se rappelle-t-il avec un sourire.
Dans les années 1990, à Nouakchott, Mister EX et ses compagnons, issus des quartiers populaires comme la BMD et la Médina R, posent les premières pierres du mouvement hip-hop. « Nous étions incompris, insouciants et rêveurs », se rappelle-t-il.
Leur musique, celle de ces jeunes des quartiers populaires, à la fois inspirée des modèles étrangers et profondément ancrée dans les réalités locales, affrontait les obstacles sociaux et culturels.
C’est dans ce contexte que Mister EX fait ses premiers pas aux côtés d’autres rappeurs tels qu’Ernesto du 308 Thié et Big Laye, qui deviendront, tout comme lui, des noms emblématiques de cette génération engagée dans un rap contestataire.
Pour Mister EX, le rap a d’abord été un moyen de contestation sociale : « Le rap mauritanien est né des contestations sociales et politiques. Mais sa diversité linguistique – hassaniya, pulaar, Soninke, wolof et français – a permis au mouvement de représenter les différentes communautés du pays, renforçant ainsi sa force contestataire et son authenticité.»
Malgré ces avancées, le Rap Rim fait face à des obstacles : « La principale difficulté réside dans la reconnaissance officielle des cultures urbaines. Aussi, le manque de structures et de lois protégeant les artistes freine leur progression », déplore-t-il.
Malgrès tout, Mister EX reste optimiste et s’engage à structurer le mouvement, obtenir sa reconnaissance par l’État et développer des collaborations internationales: une mission qui l’a conduit, en juillet 2025, à être élu à la tête de la Coalition des Acteurs des Cultures Urbaines de Mauritanie (COACUM).
Promoteur culturel et moteur de la scène urbaine
Mister EX n’est plus seulement rappeur : il est devenu un promoteur culturel et mentor, faisant rayonner le hip-hop en Mauritanie et contribuant à structurer une scène en pleine maturation. « Je travaille avec des artistes structurés, j’accompagne des jeunes talents et je veille à garder mes castings objectifs », explique-t-il.
La chanteuse Djoba décrit Mister EX comme « une bonne personne qui aide la jeunesse. Et personnellement, il me fait beaucoup rire par son humour ». Le rappeur, producteur et compositeur Letroher Désiré El Moukhteiry, alia Dezydez souligne, lui, que « Mister Ex met sa connaissance des arts urbains au service des jeunes artistes ».
Mister EX, lui même, se souvient du soutien de feu Ahmed Hamza, figure de la politique mauritanienne, qui a publiquement salué son parcours. Une reconnaissance qui reste pour lui « gravée en mémoire ».
Héritage et transmission aux jeunes générations
Lorsqu’on lui demande de résumer le rap mauritanien, Mister X choisit trois mots : « Courage, résilience et existence ». Ces valeurs reflètent aussi son parcours, marqué par les obstacles et le manque de soutien, jusqu’à devenir un pilier du mouvement qu’il a contribué à construire.
Source : Cultures Mauritanie
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