Slate – La question du lien entre argent et bonheur obsède chercheurs et curieux depuis des décennies. Chacun y va de sa théorie: les économistes y voient un rapport «jusqu’à un certain point», les psychologues répondent que cela dépend «de la relation à l’argent», et les philosophes… préfèrent débattre sans fin. L’étude la plus relayée sur le sujet date de 2010, menée par Daniel Kahneman et Angus Deaton, deux lauréats du prix Nobel d’économie.
En calculant divers indicateurs de satisfaction, ils ont montré qu’au-delà du seuil d’un revenu annuel de 75.000 dollars par ménage (environ 65.000 euros à l’époque, soit 96.000 euros aujourd’hui) gagner davantage n’augmente pas réellement le sentiment de bien-être quotidien.
Les psychologues se montrent plus nuancés : le quotient argent-bonheur dépend moins de votre compte en banque que de la manière dont vous le percevez. Dans un article publié dans le Journal of Personality and Social Psychology, le matérialisme est défini comme «les valeurs, les objectifs et les croyances centrés sur l’importance d’acquérir de l’argent et des biens qui confèrent un statut social». En passant en revue près de 260 études sur le sujet, les chercheurs ont constaté que plus les valeurs matérialistes dominent, plus la satisfaction de vie, l’humeur et la santé mentale déclinent.
Pour 52% des Français, l’argent fait le bonheur
En France, une étude relayée par BFMTV en mars dernier chiffre à 52% la part des Français persuadés que l’argent fait le bonheur. Cette proportion grimpe à 66% chez la génération Z (20-30 ans). Problème: chercher à s’enrichir pour se comparer, briller en société ou surmonter un manque de confiance ne vous rendra pas plus serein. Et la science le confirme.
Un article paru dans The Atlantic compare la quête de richesse à… la méditation. Un moine bouddhiste y explique que les Occidentaux ont tant de mal à méditer car «ils ne tirent aucun bénéfice de la méditation tant qu’ils méditent dans le but d’en tirer un bénéfice». Avec l’argent, c’est pareil: il peut acheter le bonheur, à condition de ne pas essayer de l’acheter.
Le bien-être dépend donc de la manière dont vous dépensez vos euros: les achats matériels procurent une joie fugace, tandis que les expériences partagées et les gestes généreux nourrissent un bonheur plus durable. L’argent suit ainsi le paradoxe de la méditation: il peut améliorer votre bien-être à condition de ne pas le poursuivre pour cette même raison.
Un constat qui tient quand on a un minimum d’argent à dépenser, ce qui n’est évidemment pas le cas de tout le monde. C’est quand il vient à manquer pour les besoins les plus vitaux que l’argent pourrait vraiment faire le bonheur.
Repéré sur The Atlantic
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