Mauritanie – Les « visitations » présidentielles, autre source de gabegie : Basta !

Le CalameLe président de la République effectue actuellement une visite qui englobera toutes les moughataas du Hodh ech-Chargui. Le but de ce déplacement est de donner le coup d’envoi d’un programme d’urgence pour la généralisation des services de base.

À cette occasion et comme toujours, toute la République s’est déportée pour accueillir le président Ghazouani, offrant ainsi un spectacle presque pathétique.  Des milliers de personnes et presque autant de voitures tout-terrain, dont des « derniers cris », ont été mobilisées pour le spectacle. Une visite qui devait servir à annoncer un programme a été transformée en meeting ou manifestation de campagne électorale. Combien a coûté ce déplacement du président de la République qui ambitionne d’éradiquer le pillage des ressources du pays ? Certainement des centaines de millions d’ouguiyas.

Ce qui est choquant, c’est que beaucoup de gens qui effectuent le déplacement de Néma n’ont rien à y faire, sinon se montrer et profiter des frais de mission. Le président de la République le sait, il doit arrêter ces danseurs de cirque qui constituent un écran entre lui et les populations qui ont, elles, vraiment beaucoup de choses à lui dire, quant à leurs difficiles conditions de vie. Plus grave encore, le comportement des cadres, notables devenus laudateurs à l’occasion, et qui plaident, non pas pour les populations locales, mais pour la promotion de leurs fils. Comme le dit un blogueur, on a entendu des citoyens déclarer que tel cadre est notre eau, notre électricité… et nous voulons sa promotion. Du jamais vu même sous Ould Taya ! La honte ne tue plus sous nos cieux célébrant les voleurs.

Exhibition insolente

Au cours de cette visite, on a vu des hauts cadres rivaliser en convois de véhicules tout terrain, à l’occasion des meetings et autres cérémonies d’accueil. Diverses sources rapportent que certains ont mobilisé et exhibé des centaines de véhicules pour se montrer et « démontrer leur capacité de mobilisation », alors leurs concitoyens embrigadés pour l’accueil peinent à chauffer les marmites, à se soigner, à envoyer leurs enfants à l’école… Face à cette exhibition insolente de richesse et de gaspillage, le gouvernement doit sévir pour démontrer sa volonté de lutter contre la gabegie, comme on le chante depuis quelque temps. À quoi sert donc l’alerte de la Cour des comptes ? Le Premier ministre doit interdire à tous les ministres, secrétaires généraux, directeurs et chefs de projet de se déplacer pour les accueils présidentiels, s’ils n’en sont pas directement concernés. Ce faisant, il aura réduit la gabegie, en limitant le nombre de véhicules, les frais de carburant et de mission. On s’étonnait de voir des cadres d’une autre région dans les files d’accueil à Néma et de les voir répondre, à la question du pourquoi étaient-ils là : « pour soutenir un ami de la ville ou de la région »…

Alors d’où viennent-ils, les moyens que ces voyageurs dépensent sans compter ?  Les visites présidentielles seraient-elles donc, elles aussi, sources de gabegie ? Les Mauritaniens s’interrogent. Ces déplacements sont-ils sans impact sur les projets ainsi lancés ? Depuis le lancement du programme d’urgence pour le développement et la modernisation de Nouakchott – une cagnotte de 50 milliards d’ouguiyas –, le gouvernement ne cesse de jurer que « l’état d’exécution des travaux est satisfaisant » et que « les entreprises ayant gagné les différents marchés se sont conformées aux cahiers des charges »… Pourvu qu’il en soit ainsi ! Seulement, il faudra attendre plusieurs mois ou une année pour se faire une réelle idée de la qualité des ouvrages. Espérons qu’ils ne seront pas comme certaines routes bitumées de notre capitale dont le goudron se dissout dans l’eau de pluie ou les eaux usées de la capitale. Plusieurs écoles construites il y a quelques années présentent déjà des failles. Beaucoup d’argent est débloqué par le gouvernement… pour des infrastructures fiables qu’on n’aura pas à réhabiliter sous peu ? Mais, Seigneur de Justice, pourquoi faut-il se poser, encore et encore, une telle intrigante question ? Jusqu’à quand ?

 

 

Dalay Lam

 

 

 

Source : Le Calame (Mauritanie)

 

 

 

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