
L’annonce du premier ministre cette semaine à Nouakchott de la construction prochaine de 10 ponts et une voie circulaire de 67 km à Nouakchott suscite des polémiques sur les réseaux sociaux qui qualifient ces infrastructures de suicidaires et d’irréalistes pour un pays dont les animaux partagent les routes pendant toute l’année avec les automobilistes.
L’ambition du gouvernement de doter le pays de nouvelles infrastructures d’ici 2024 relance le débat sur le parc automobile, la sécurité routière et la politique d’assainissement du secteur des transports. Construire 10 ponts à Nouakchott et une voie circulaire de 67 km alors que depuis plus de 60 ans les mauritaniens roulent pour la plupart sans visite technique et surtout indisciplinés au volant.
La plupart des automobilistes ont des permis douteux. La majorité des routes sont en mauvais état. Seuls les nouveaux et grands axes de la capitale offrent quelque fois une circulation fluide mais le grand hic aucune route n’est épargnée par la présence d’animaux des charretiers qui font leurs lois sous le regard des policiers. C’est devenu une norme ancrée dans les mentalités au point que les autres anomalies de conduite et de corruption des hommes en tenue sont supportées voire encouragées par les citoyens.
Les grands axes routiers de Nouakchott vers l’intérieur du pays sont devenus des cimetières avec presque chaque jour des accidents mortels. Lancer des chantiers aussi lourds avec un transport urbain balbutiant et partageant la circulation avec les taxis et les véhicules particuliers dont le dénominateur commun est l’absence de contrôle technique.
Dans ces conditions les polémistes sur les réseaux sociaux ont sans doute raison de considérer les nouvelles infrastructures de suicidaires dans un pays où les panneaux de signalisation sont quasi-inexistants et le code de la route vite oublié. Et d’irréalistes dans la mesure où ces infrastructures vont coûter beaucoup chers aux contribuables alors que le coronavirus aura révélé un changement de paradigme dans le domaine de la santé publique. Souveraineté du secteur et indépendance pharmaceutique.
En définitive c’est une utopie si le secteur des transports n’est pas assaini entièrement avec une nouvelle législation sur les véhicules importés et la répression contre les fraudeurs et les délinquants routiers.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya.com le 09 septembre 2020
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