
Depuis son accession au pouvoir en 2019, Ould Ghazouani s’appuie sur l’arbitraire pour museler les voix critiques et sur l’impunité pour protéger les responsables des crimes passés et présents.
Ces deux « mamelles » nourrissent un système qui se présente comme démocratique à l’extérieur, mais qui, en réalité, perpétue les pratiques autoritaires et discriminatoires héritées de ses prédécesseurs. L’appel que vient de lancer 100 intellectuels mauritaniens de la diaspora et de la Mauritanie, à l’occasion de la journée des droits de l’homme, contre la criminalisation des lanceurs d’alerte et de la normalisation de l’impunité, s’inscrit dans un engagement de défense des libertés et d’un Etat de droit.
Les observateurs dénoncent ce glissement vers l’autoritarisme, où les violations des droits humains ne sont pas sanctionnées. La réélection de Ould Ghazouani en 2024 a au contraire exacerbé des arrestations ciblées arbitraires et répressions des militants des droits de l’homme, des opposants et de citoyens et même des parlementaires et des décisions politiques verrouillées par le ministre de l’Intérieur. Depuis les massacres et déportations des années 1989–1990, les régimes successifs, y compris celui de Ghazouani, ont évité de poursuivre les responsables, préférant des compensations financières. L’impunité est décrite comme une véritable « institution » en Mauritanie, héritée de l’ère Ould Taya et prolongée par ses successeurs. Dans les décennies à venir, le pays risque une explosion sociale alimentée par les frustrations des communautés marginalisées, une instabilité politique avec montée des contestations et affaiblissement du pouvoir central et enfin une marginalisation internationale, où le pays serait perçu comme un État autoritaire incapable de réformer.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
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