
En catégorisant les responsables corrompus dans ses textes juridiques, le premier ministre mauritanien gagne du temps et laisse planer des profils récurrents des responsables politiques et administratifs aux agents économiques et privés en passant par les fonctionnaires de base et les responsables judiciaires ou de contrôle.
Cette théâtralisation des délinquants financiers est considérée par les observateurs comme une première réponse aux révélations 2025 de la cour des comptes. Au-delà c’est un aveu d’échec en filigrane dans tous les discours officiels de Ould Ghazouani et dans les affichages médiatiques de son premier ministre après les graves révélations de la cour des comptes.
La catégorisation des corrompus du chef du gouvernement, le deuxième responsable de cette impunité après le chef de l’exécutif, affaiblit la légitimité de l’État et la confiance des citoyens. D’ailleurs, la loi d’orientation sur la lutte contre la corruption prévoit des sanctions mais ne distingue pas explicitement les catégories de responsables qui sont souvent déplacés ou promus plutôt que sanctionnés, ce qui alimente la culture de l’impunité. C’est le clientélisme et la protection politique qui est pointée du doigt. Les réseaux d’influence protègent certains individus, rendant la justice inopérante ou instrumentalisée. Cette sortie médiatique de Ould Diay s’inscrit encore une fois dans la mise en scène politique après les dérives de la gestion des finances publiques, un carton rouge au régime de Ould Ghazouani après plus de six ans de gouvernance.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
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