Mauritanie : la culture de l’impunité de Ould Taya à Ould Ghazouani

A la veille du 28 novembre, jour de fête de l’indépendance en principe est devenu depuis 1990 journée de deuil pour les veufs et orphelins des 28 soldats pendus un à un par leurs propres frères d’armes à la base militaire d’Inal, c’est la culture de l’impunité qui est pointée du doigt par les observateurs.

La culture de l’impunité est devenue une institution en Mauritanie remontant à l’avènement au pouvoir de Ould Taya qui gouverna le pays de 1984 à 2005. Une gouvernance autoritaire exacerbée par des exactions contre la composante négro-africaine d’abord par des arrestations et emprisonnements arbitraires en 1986 des dirigeants du premier mouvement de libération africaine de Mauritanie pour avoir publié le Manifeste du négro-mauritanien opprimé. Quatre combattants de la liberté ne reviendront jamais de la prison mouroir de Oualata. Le paroxysme de la politique d’épuration ethnique initiée par le génocidaire Ould Taya ce sont les déportations de plus de 60000 négro-africains de la vallée au Sénégal et au Mali en 1989.Après 35 ans, plus de 15000 réfugiés sont toujours bloqués dans ces deux pays. Et ensuite c’est l’assassinat de 28 soldats négro-africains pendus un à un par leurs frères d’armes en 1990 à la base militaire d’Inal, au Nord du pays. Et depuis les veufs et orphelins réclament toujours les corps et notamment justice, vérité et réconciliation.

Après la chute Ould Taya en 2005 les régimes successifs, Ould Abdel Aziz, puis Ould Ghazouani ont tenté de solder le passif humanitaire par des compensations financières, sans jamais poursuivre les responsables. Aujourd’hui l’Etat mauritanien prévoit environ 26 milliards d’ouguiyas pour indemniser les victimes et leurs familles, mais sans vérité judiciaire ni reconnaissance officielle des tortionnaires dont le plus célèbre présumé est l’actuel président de l’Assemblée nationale, le général à la retraite Ould Menguet.

Malgré des plaintes déposées, y compris auprès de la CPI, aucune poursuite n’a abouti contre Ould Taya ou ses collaborateurs. Les auteurs des crimes sont protégés par leurs réseaux tribaux et militaires, ce qui neutralise toute exigence de justice. En définitive cette culture de l’impunité est une continuité historique où les crimes d’État, la corruption et les violations des droits humains n’ont jamais été sanctionnés, mais plutôt “gérés” par des compensations financières et des arrangements politiques comme en témoignent les assassinats dans les commissariats de police  des citoyens militants des droits de l’homme ou simples citoyens et de jeunes manifestants dans une gendarmerie à Kaédi en 2024 après la réélection de Ould Ghazouani.

 

 

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

 

(Reçu à Kassataya.com le 24 novembre 2025)

 

 

 

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