Mauritanie – Kane Limam dit Monza « Ma solidarité au Centre TERANIM »

Monza dénonce les pratiques au sein du Ministère de la Cultures

L’Authentic.info – Je m’exprime en mon nom, KANE Limam, pour affirmer clairement et publiquement mon soutien total à la position du Centre Teranim pour les arts populaires.

Je me déclare pleinement solidaire de son combat, car les faits qu’il dénonce sont les mêmes discriminations que j’ai personnellement subies à travers le festival Assalamalekum et toutes les initiatives que j’ai porté dans mon pays, sans parler de tous les autres acteurs, dans notre cas. Je constate, avec gravité, que des pratiques similaires d’exclusion, de dévalorisation et de traitement inéquitable touchent des opérateurs culturels reconnus, engagés et historiquement légitimes. Je rappelle à titre d’anecdote qu’une fonctionnaire de l’État a bénéficié, dès la première édition de son festival, en 2025, d’un soutien public de 500.0000 MRU, (5million MRO) tandis que des organisations comme la nôtre, pourtant soutenues par une décision ministérielle à hauteur du même montant, n’ont effectivement reçu que 200.000 MRU en 2025.

Je pose la question de manière responsable et transparente.

Où sont passés les 300.000 MRU restants soit 3000.000 MRO ? Jusqu’à quand ces pratiques vont-elles continuer à perdurer ?

Je souligne également qu’entre 2016 et 2024, il a été affirmé à plusieurs reprises, y compris par un directeur au sein du ministère, dont je tairai le nom, que le festival Assalamalekum bénéficiait chaque année d’un soutien de l’État. Qui l’aurait encaissé ? أخيب

Dans les faits, ces subventions annoncées ne sont jamais parvenues au festival, laissant près de dix années de financements publics supposés se volatiliser sans explication.

Je considère que cette situation dépasse le cadre d’un dysfonctionnement administratif ordinaire.  Elle interroge le caractère légal et légitime de pratiques où certains fonctionnaires se substituent aux véritables opérateurs culturels, concentrent les décisions, orientent les financements et créent des situations manifestes de népotisme et de conflit d’intérêts.  Je le dis avec responsabilité mais sans détour et avec la ferme conviction de ne plus laisser mon éducation familiale prendre le dessus sur mon devoir de témoigner au nom de la vérité.

Le soutien du ministère de la Culture apparaît comme un soutien différencié, marqué par des logiques de couleur, où l’excellence portée par des acteurs noirs ne reçoit ni la même écoute, ni le même traitement administratif, ni la même reconnaissance. S’ils souhaitent que nous ne parlions plus d’histoire de couleur alors que l’action publique reflète le mérite et non la complaisance. Je suis un opérateur culturel noir mauritanien et je suis discriminé dans mon propre pays. Je le vis avec patience depuis 19 ans et mon devoir est de témoigner des lors que le sujet est invisibilisé. Je dis bien que la réponse du Ministère de la culture aux opérateurs culturels que nous sommes est racisée et à la limite du racisme. Je l’ai vécu comme tel, depuis ces deux dernières décennies et je me refuse de le taire dorénavant. Il est temps que le monde entier sache cette discrimination des acteurs culturel « Noir de Mauritanie n’adhérant pas à la mobilisation politique ».  Je les attends les critiquent qui chercherons à « me »/« nous » diaboliser soit disant avec des accusations à la haine raciale. Ce n’est pas le sujet. Les faits sont têtus !!!

Et si aujourd’hui ces questions sont passées sous silence, c’est avec la complicité de celles et ceux qui disent faire partie de nous « opérateurs » mais fonctionnaires de l’autre côté et où font partie des lobby internes, sans oser défendre les secteurs dans lequel ils évoluent.

Lorsque nous dénonçons ces faits, nous sommes accusés de division. Or la division ne naît pas de la parole qui nomme l’injustice, mais des décisions publiques qui la produisent et la perpétuent.

C’est pourquoi je soutiens la démarche du Centre Teranim et m’associe à son appel.

Je considère que défendre l’égalité d’accès aux ressources culturelles, la transparence dans l’usage des fonds publics et la reconnaissance des véritables porteurs de patrimoine relève de l’intérêt général, de la cohésion nationale et du respect des engagements de l’État.

Je réaffirme enfin que la culture est un droit, non une faveur, et que nul ne devrait être contraint de mendier ce que la loi, l’éthique et la justice reconnaissent. Qu’ils nous accusent et qu’ils continuent de nous discriminer. Il y’a notre cher pays et nous nous battrons toujours pour le mettre sur la carte du monde et même si le système continu de chercher à nous affaiblir, il restera le monde pour nous respecter et le continent aura toujours besoin de nous. La transformation et l’érosion des traditions, souligne l’urgence de défendre la culture, l’identité et la mémoire collective face à l’indifférence ou à l’injustice et comme le disait si bien feu Habib Ould Mahfoudh,

« Envolées les lyres de la terre des Maures, tués les amours, taries les larmes, éteints les rires ».  Et lorsqu’il évoquait implicitement le contraste entre ceux qui remplissent leurs responsabilités avec intégrité et ceux qui ignorent ou détournent leurs devoirs, resonnant fortement à contre l’injustice, la marginalisation et la mauvaise gestion des soutiens culturels, il disait : « Quand je regarde le soleil se lever et se coucher, je me dis que tout n’est pas perdu, qu’il y a au moins quelqu’un qui fait son boulot. ».

Je ne saurai terminer sans rappeler que le patriote n’attend rien en retour, mais que la justice, l’équité et la dignité lui sont des récompenses non négociables et qu’il vente, qu’il pleuve ou en pleine canicule, là où certains détournent les droits d’autrui, d’autres continuent de faire leur devoir.

Vive la Mauritanie juste et à bas le racisme et l’injustice.

Kane Limam Monza

13 décembre 2025

 

Source : L’Authentic.info (Mauritanie)

 

 

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