
Plusieurs militants et défenseurs des droits humains viennent d’être arrêtés alors qu’ils se rendaient vers Bababé, Kaédi et Djeol pour participer à des commémorations des Martyrs d’Inal.
Ces arrestations à la veille de la commémoration de l’indépendance traduisent un clivage mémoriel : pour les autorités de Nouakchott le 28 novembre est un jour de fête, pour la composante négro-africaine et en particulier les veuves et orphelins des 28 soldats assassinés à la base militaire d’Inal en 1990, un rappel d’injustice et d’exclusion. Les observateurs s’indignent de cette répression des commémorations qui accentue ce fossé et nourrit un sentiment de marginalisation. Ces intimidations contredisent les discours officiels d’apaisement et de dialogue politique. Elles renforcent l’image d’un régime autoritaire, peu enclin à reconnaître le passif humanitaire. Le silence des autorités sur les crimes passés, combiné à la présence d’anciens responsables présumés dans les hautes sphères comme le président de l’Assemblée nationale Ould Menguet, mine la confiance dans la justice et le parlement. L’Etat mauritanien peut empêcher les manifestations des militants et défenseurs des droits de l’homme et les citoyens dans tout le pays mais ne peut effacer l’histoire et l’émergence d’un récit national. Socialement, ces arrestations arbitraires entretiennent la fracture entre communautés et empêchent la réconciliation nationale.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
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