Info Migrants – Les gardes-côtes mauritaniens ont intercepté, mercredi, 132 exilés, dont des femmes et des mineurs, partis six jours plus tôt des côtes sénégalaises. Selon les témoignages des passagers, les capitaines avaient abandonné l’embarcation après une panne de carburant.
Mercredi 26 novembre, 132 exilés qui tentaient de rejoindre les îles Canaries ont été secourus au large de la Mauritanie par les gardes-côtes. Selon un communiqué des autorités mauritaniennes, parmi les passagers figurent 104 Sénégalais, dont 20 femmes, 3 mineurs et un nourrisson. Six autres personnes proviennent de Guinée-Conakry. Les 22 passagers restants, dont 7 femmes (une étant mineure), sont Gambiens.
D’après les gardes-côtes, l’embarcation était partie de Mbour, au sud de Dakar, au Sénégal, le 20 novembre dans la soirée, soit six jours plus tôt. Les passagers ont été ramenés au port de Nouadhibou, au nord-ouest de la Mauritanie, où ils ont été pris en charge par les secours.
Selon les témoignages des rescapés relayés par des médias locaux, les capitaines de la pirogue ont quitté le bateau et laissé les passagers à leur sort après une panne totale de carburant en pleine mer.
À la mi-novembre, les gardes-côtes mauritaniens avaient déjà secouru 227 migrants partis de Gambie et dont l’embarcation était à la dérive depuis dix jours. Dans un communiqué, les autorités ont précisé que les rescapés se trouvaient « dans un état d’épuisement extrême dû à la faim et à la soif ». Plusieurs survivants parlaient « d’événements graves au cours de la traversée, notamment des actes de violence », sans plus de détails.
Baisse des arrivées aux Canaries
Depuis les accord signés avec l’Union européenne et l’Espagne, la Mauritanie intensifie ces derniers mois les contrôles sur ses côtes et les interceptions de migrants en situation irrégulière pour empêcher les traversées vers l’Europe.
Le 17 octobre, la Mauritanie et l’Espagne annonçaient avoir réussi, grâce à leur coopération conjointe, à contrecarrer près de 3 500 tentatives de départs clandestins depuis le début de l’année 2025. En 2024, plus de 10 000 cas avaient déjà été déjoués.
Aussi, plus de 30 000 migrants ont été interceptés sur le sol mauritanien entre janvier et avril 2025. En quatre mois, le pays a également démantelé 88 réseaux de passeurs. Toutefois, avec le durcissement de sa politique migratoire, Nouakchott multiplie les arrestations, et un climat de peur s’est installé dans le pays.

Les interceptions se sont aussi intensifiées au Sénégal, où les autorités ont interpellé au premier trimestre 2025 plus de 1 900 « personnes tentant de prendre la mer, dont une majorité d’étrangers », rapportait début septembre le Comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière (CILMI).
Et en effet, le nombre d’arrivées aux îles Canaries tend à diminuer ces derniers mois. Entre le 1er janvier et le 15 novembre, 14 690 exilés ont débarqué dans l’archipel espagnol, contre 39 713 à la même période l’an dernier, d’après les chiffres du ministère espagnol de l’Intérieur. Soit une baisse de 63 %.
Départs d’encore plus au sud
Pour éviter les contrôles accrus depuis les côtes sénégalaises et mauritaniennes, de plus en plus de candidats à l’exil tentent de partir d’encore plus au sud, depuis la Gambie ou la Guinée.
Mais partir depuis ces deux pays multiplie les risques en mer pour les migrants. « Les voyages sur l’Atlantique sont déjà risqués. La distance est importante – il faut entre 4 et 7 jours de navigation si tout se passe bien [pour rejoindre l’archipel espagnol] –, ce qui accroît les risques de se perdre en mer, de chavirer ou de souffrir de la faim, de la soif ou de malaise, d’autant que le comportement des passeurs peut accroître le danger », précisait récemment à InfoMigrants Delphine Perrin, spécialiste des politiques migratoires africaines.
Les ONG alertent aussi régulièrement sur les « bateaux fantômes », ces embarcations qui dérivent en mer puis qui disparaissent sans laisser de traces.
Selon l’ONG espagnole Caminando Fronteras, 10 457 migrants sont décédés ou portés disparus sur les routes migratoires menant vers l’Espagne en 2024. Soit une moyenne de 30 morts ou disparus par jour. Pour les cinq premiers mois de 2025, l’ONG enregistre 1 865 personnes mortes en tentant de rejoindre l’Espagne, dont près de 1 500 sur la route des Canaries.
Source : Info Migrants (France)
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