Une des icônes de la société civile mauritanienne, Fatimata M'Baye, n'a de cesse de dénoncer les injustices de la société mauritanienne. Un caractère rebelle façonné par plus de quarante ans de refus des choses présentées «comme des évidences». Une très très grande dame.
«Ouvrez les fenêtres, mettez plus de lumière dans la pièce!» intime la présidente de l'association mauritanienne des droits de l'homme (AMHD dès qu'elle arrive au siège de l'ONG pour l'entretien prévu. Claustrophobe, «depuis ses séjours répétés en prison», Fatimata M'baye supporte mal la pénombre en plein jour, et les espaces étroits.
En 1986, un groupe d'intellectuels noirs publie le «Manifeste du Négro-Mauritanien opprimé». Le pamphlet tombe sur la table des chefs d'État africains réunis à la Conférence des non-alignés au Zimbabwe. Le président Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya n'apprécie pas. À son retour à Nouakchott, il ordonne l'arrestation des auteurs du brûlot. À côtés, enseignants et étudiants qui ont distribué des tracts, sont emprisonnés. Maître M'baye est dans le lot. Elle découvre ainsi l'univers carcéral mauritanien, à la prison de Beyla. «Ça a été ma première expérience carcérale; j'étais encore étudiante» rumine-t-elle, pensive. Elle y retourne à deux reprises: en 91, dans le sillage des arrestations des militaires noirs, puis en 98, pour des raisons de lutte contre l'esclavagisme cette fois-ci, avec Boubacar Ould Messaoud entre autres.
Depuis ces séjours répétés en prison, et depuis qu'elle a été témoin, et victime des abus de ce milieu, Fatimata M'Baye «ne passe pas une journée, quand elle est à Nouakchott, sans visiter la prison des femmes et celle des mineurs, pour éviter que d'autres n'aient à subir, ce qu'elle a subi en prison» affirme Abdoulaye Bâ, membre d'AMDH.
Mamoudou Lamine Kane
Source : Mozaïkrim
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