L’ouguiya au bord du gouffre : La Monnaie nationale est abandonnée à son triste sort

Le cours officiel de la Banque Centrale de Mauritanie (BCM) affiché ce jour sur son site indique que l’euro est vendu à 410, 61 UM.

 

 

 

Cette plongée de l’ouguiya face à la monnaie européenne intervient au lendemain de la déclaration du président de la République affirmant que les réserves en devise du pays ont atteint un niveau record de 511 millions de dollars.

Et après la mission de revue du FMI, qui a séjourné dans nos murs il y a quelques semaines et qui avait exprimé sa satisfaction pour les agrégats économiques du pays.
Mais alors comment un pays dont les principales exportations que sont le Fer et l’or enregistrent des niveaux de prix historiques et dont le matelas en devises atteints des sommets inégalés voit il sa monnaie glisser de la sorte jusqu’à aboutir à une dévaluation qui ne dit pas le nom. En effet si l’on compare l’historique du cours par rapport à l’euro on constate que l’on est parti de cours moyens (moyenne entre l’achat et la vente) de : 319,81 le 14/9/2008, à 326,64 le 8/3/2009, en passant par 326,79 le 8/6/2010 à 408, 57 aujourd’hui !! ?? Soit une dévaluation de 27,75% et ce en plein ramadan, mois de la consommation par excellence. Et qui dit consommation dit importations.
On n’a pas besoin d’être expert en économie pour savoir que la conséquence directe de cette tendance baissière de notre monnaie aboutira immanquablement à une inflation des prix des denrées alimentaires, carburant, Equipements, intrants. Importés et donc à terme d’une baisse du pouvoir d’achat des populations,.
Lors de la rencontre du président Aziz avec le peuple, un vieil homme d’affaire avait pris la parole mais personne ne semble avoir retenue une partie importante de ses propos. D’instinct Houmeya Ould Tangi asséna une vérité amère à savoir que nous achetions 5000 FCFA à 1000 ouguiyas et aujourd’hui et malgré la dévaluation de 50% de la monnaie ouest africaine il faut 3000 ouguiyas pour avoir les 5000 Fcfa !
En clair sans rien faire nous nous sommes appauvris trois fois par rapport à nos voisins maliens et sénégalais.
Que fait le gouverneur de la BCM pour pallier à cette situation ? Que fait le gouvernement pour en atténuer l’onde de choc ? Que fait l’opposition pour proposer une politique alternative ? Que font nos experts et nos universitaires pour expliquer le phénomène ?
Assurément, rien ! L’ouguiya est abandonnée à son triste sort.
Généralement la dépréciation d’une monnaie rend les exportations des pays qui utilisent cette monnaie plus compétitive, c’est-à-dire moins chère sur les marchés internationaux. Encore faudrait-ils que ces produits soit manufacturés. Dans les cas d’un pays comme le notre qui exporte surtout des matières premières dont le cours est fixé et où il n’y a aucune compétitivité à faire jouer cette dépréciation n’entraîne, que la flambée des prix des importations. En tout cas il est unanimement admis que le fait qu’une monnaie soit très dépréciée (c’est-à-dire que son taux de change soit faible par rapport à ses fondamentaux économiques) n’est pas un signe de bonne santé économique. Et ce stade on en est à se demander à quoi sert la Banque Centrale, et son indépendance par rapport au pouvoir politique? Pourquoi cette gestion médiocre de la monnaie ? Pourquoi au moment où, officiellement, tous les clignotants sont verts, notre monnaie vole-t-elle au ras de pâquerettes ?
Nos élus avant de se lancer dans les batailles électorales ne devraient pas s’intéresser un peu plus à notre monnaie et à son institution émettrice.
 

BC

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 18/08/2011

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page