
SenePlus – Le sauvetage in extremis du régime de Patrice Talon, le 7 décembre 2025, a levé le voile sur une réalité que l’Élysée tente d’effacer depuis des années : malgré les promesses de rupture, la France n’a pas renoncé à intervenir militairement pour protéger ses alliés sur le continent. L’enquête de Mediapart révèle une opération qui contredit frontalement le discours officiel sur la fin de la Françafrique.
Officiellement, l’ère des interventions directes est révolue. Pourtant, l’opération menée à Cotonou démontre le contraire. En engageant des moyens de surveillance aérienne et des forces spéciales au sol pour contrer le coup d’État contre Patrice Talon, Paris a réactivé ses vieux réflexes. Pour l’association Survie, citée par Mediapart, cet épisode « constitue une nouvelle preuve que la France n’a pas renoncé à jouer au gendarme de l’Afrique », mettant à mal le « storytelling élaboré par le gouvernement depuis quelques années ».
La justification diplomatique telle que rapportée par Mediapart est sans équivoque : il était « hors de question » de laisser un allié « tomber aux mains de militaires potentiellement hostiles » et jugés proches des juntes sahéliennes. Une realpolitik qui prime sur la légalité, La France insoumise rappelant que l’accord de défense de 1975 « n’autorise [pas] une intervention opérationnelle française ».
L’opération met aussi en lumière la persistance du dispositif militaire français en Afrique de l’Ouest, malgré les retraits affichés. Les soldats intervenus au Bénin seraient venus de la base de Port-Bouët en Côte d’Ivoire, théoriquement rétrocédée mais où la France maintient un détachement de liaison « ponctuellement renforcé ». De même, l’avion espion utilisé, un Beech King Air 350, appartient à une flotte privée luxembourgeoise mais opère comme un aéronef militaire français, illustrant une forme d’externalisation qui permet d’agir dans l’ombre.
Loin d’être une initiative isolée de l’état-major, cette intervention porte la marque de l’Élysée. Selon le journaliste Rémi Carayol, Emmanuel Macron a suivi les événements « en direct » au téléphone avec le président béninois, ne cachant pas sa proximité avec un dirigeant dont la dérive autoritaire est pourtant décriée. En choisissant de sauver le soldat Talon coûte que coûte, Paris envoie un signal clair : la défense de ses intérêts stratégiques reste la boussole de sa politique africaine, quitte à employer les « vieilles méthodes » que l’on disait révolues.
Source : SenePlus (Sénégal)
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