Courrier expat – Dans The Conversation, la chercheuse nigériane Abisola Olawale, doctorante au Centre for Migration, Diaspora, Citizenship and Identity de l’université de l’Écosse de l’Ouest, explore les bouleversements intérieurs que connaissent les jeunes adultes qui s’expatrient. Sous le vernis des découvertes et des occasions, écrit-elle, “le défi, plus silencieux, consiste à comprendre qui l’on devient quand son ‘moi d’origine’ et son ‘nouveau moi’ se développent côte à côte”.
Pour des milliers de jeunes bénéficiant de programmes de mobilité ou travaillant à l’étranger, l’expérience de l’expatriation se révèle bien plus qu’un simple déplacement géographique : c’est une reconfiguration identitaire.
“Vous comprenez que la migration n’est pas seulement une affaire de mouvement, mais le fait de vivre deux vies : la moitié de vous reste là d’où vous venez, et l’autre moitié s’installe dans le pays d’accueil.”
Cette dualité, note Abisola Olawale, traverse les gestes du quotidien : présenter son prénom “de manière authentique ou dans une version simplifiée pour éviter qu’on le déforme”, rire à des blagues qu’on ne comprend plus tout à fait, hésiter entre coutumes et nouvelles normes.
L’autrice, elle-même expatriée du Nigeria en Écosse à 33 ans, s’appuie sur ses recherches pour décrire la construction d’une “identité migrante” faite d’allers-retours symboliques. Certains s’y adaptent aisément, développant une “souplesse et une résilience” qui leur permettent de naviguer entre langues et codes sociaux ; d’autres peinent à trouver leur place, pris entre le regard des habitants locaux qui les trouvent “trop étrangers” et celui des proches restés au pays pour qui ils paraissent “trop changés”.
Olawale invite à considérer cette dualité non comme une fracture mais comme une richesse : “Cette nouvelle phase n’efface pas votre autre moi ; elle l’enrichit.” Le sentiment d’appartenance, conclut-elle, ne réside pas dans la conformité à une seule culture, mais dans la capacité à “s’épanouir d’une manière qui traverse les océans, les cultures et les fuseaux horaires”.
Source : Courrier expat – (Le 03 décembre 2025)
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