Le rassemblement des Forces démocratiques(RFD)a réaffirmé que le pays « se livre mène une guerre par procuration hors de nos frontière ».
Dans un communiqué rendu public lundi, dont copie est parvenue à l’ANI, le RFD a également fait ressortir que la Mauritanie mène cette guerre sans concertation avec les pays de la sous-région et avec des moyens « en deçà des standards requis pour ce type de théâtre d’opérations ». Le parti d’Ahmed Ould daddah a expliqué sa visin d dialogue politique, tout endressant un tableau sombre de la situation du pays.
ANI publie la déclaration intégrale du bureau exécutif du RFD :
DECLARATION
Le Bureau Exécutif du RFD poursuit ses travaux entamés le 23/7/2011, sous la présidence de M. Ahmed Ould Daddah, Président du Parti.
A cette occasion, le Bureau Exécutif a étudié la situation sécuritaire, politique, économique et sociale que traverse actuellement le pays, ainsi que la situation du Parti et les principales tâches qui l’interpellent dans la période à venir.
Au plan sécuritaire, le Bureau Exécutif considère que la Mauritanie se livre à une guerre par procuration hors de nos frontières, sans coordination avec les pays de la sous-région et avec des moyens nettement en deçà des standards requis pour ce type de théâtre d’opérations.
Ainsi, par trois fois (TASSELIT, HASSI SIDI, FORET DE OUAGHADOU), le Pouvoir a jeté dans l’aventure nos Forces Armées en plein désert malien, leur faisant courir des risques inconsidérés pour des résultats plutôt mitigés et un coût dramatiquement élevé.
Au plan politique, la situation reste caractérisée par l’impasse dans la quelle le Général Mohamed Ould Abdel Aziz a installé le pays, du fait de son exercice solitaire du pouvoir, de la marginalisation subséquente de la classe politique et de son mépris pour le peuple mauritanien et pour ses représentants. Cette pratique est d’autant plus inacceptable qu’elle se déroule au moment où les révolutions arabes sont entrain de balayer les dictatures de la région, singularisant du coup le cas mauritanien et le pointant comme une « exception despotique » anachronique dont rien ne justifie plus le maintien.
Au plan économique et social, le Bureau Exécutif constate qu’aucune politique nationale ambitieuse porteuse de création de richesses, d’emplois et de répartition équitable n’est envisagée et à fortiori mise en œuvre. Seuls l’affairisme, la corruption et le pillage accéléré des biens publics, allant jusque la destruction des ressources renouvelables et non renouvelables, restent les mobiles réels des tenants du Pouvoir.
Devant ce sombre tableau que la propagande du Régime tente par tous les moyens d’occulter, le Bureau exécutif a noté avec satisfaction le renforcement crescendo de la prise de conscience de cette réalité chez la grande majorité du peuple mauritanien. Cette prise de conscience se traduit en particulier par des formes de luttes concrètes et courageuses : mouvements des jeunes du 25 Février, grèves organisées par plusieurs syndicats dans les principaux secteurs économiques et sociaux, nombreux sit-in tenus devant les lieux publics dont la Présidence, ou encore les sorties réussies de certains partis politiques d’opposition.
Compte tenu de tout ce qui précède, le Bureau Exécutif du RFD :
Exprime sa ferme opposition à la guerre par procuration livrée hors de nos frontières et proclame dans le même temps son soutien sans faille à l’Armée Nationale dans sa véritable mission de défense de l’intégrité territoriale, de protection de l’Etat et de la sécurité des citoyens, contre tout ennemi extérieur quel qu’il soit et tout particulièrement contre la menace terroriste.
Considère que le moment est venu pour le peuple mauritanien de tourner définitivement la page du régime militaire qui gouverne le pays depuis plus de 30 ans, qui a échoué lamentablement dans la gestion des affaires publiques et dont la période du Général Mohamed Ould Abdel Aziz n’est que le dernier avatar.
A cet effet, le Bureau Exécutif engage le Parti à formuler les mots d’ordre que dicte la nouvelle situation et à mener les luttes démocratiques de nature à concrétiser rapidement ce changement historique, et ce à travers un plan d’actions détaillé et cohérent.
Réaffirme le maintien de la ligne politique du Parti comme creuset de l’unité nationale, de l’édification de l’Etat de droit et de promotion de la démocratie, de la justice sociale et de l’égalité des chances entre tous les mauritaniens.
Renouvelle son engagement à rester toujours proche des populations et de leurs préoccupations quotidiennes. Dans ce cadre, le Bureau Exécutif s’élève avec force contre la nouvelle flambée des prix du carburant et des produits de première nécessité, constatée durant le mois de Ramadan et qui dépasse de loin l’ augmentation de ces prix sur les marchés extérieurs ; de même qu’il dénonce la démission de l’Etat devant les menaces de famine et le désastre subi par les éleveurs, victimes du retard des pluies enregistré cette année et abandonnés à leur triste sort. Le Bureau Exécutif exige que les secours alimentaires pour les populations et les aliments de bétail soient fournis d’urgence et en quantités suffisantes dans les zones agro-pastorales sinistrées.
Proclame sa solidarité agissante avec toutes les formes de luttes démocratiques menées par le peuple mauritanien (jeunes, syndicats, société civile, secteurs sociaux divers…etc) et condamne avec énergie la féroce répression dont ont été victimes notamment les pacifiques militants antiesclavagistes de IRA/Mauritanie ;
Réitère la demande du Parti pour la constitution de quatre commissions d’enquête sur le pillage des biens publics (ressources minières et halieutiques, marchés de gré à gré, dépenses communes du Budget de l’Etat, concessions rurales) ainsi que les demandes d’enquête sur le sort du don saoudien de 50 millions de dollars au peuple mauritanien et sur le bien-fondé du partenariat avec la Société Chinoise Poly Hondone Pélagic Fishery Co. Il engage le Parti à continuer à traquer les autres dossiers de corruption pour les porter éventuellement à la connaissance de l’opinion. Dans ce cadre, le Bureau Exécutif condamne la politique du Pouvoir qui prend prétexte de la prétendue lutte contre la gabegie pour régler des comptes, emprisonner les adversaires et s’ingérer dans le fonctionnement de la Justice;
Entérine la position adoptée par le Comité Permanent sur la question du dialogue politique et la nécessité pour le Pouvoir de répondre favorablement aux cinq conditions préalables suivantes :
Considérer l’accord de DAKAR comme base de tout dialogue ;
S’interdire de réprimer toute manifestation pacifique ;
Ouvrir les médias publics aux protagonistes politiques et aux organisations de la société civile d’une manière consensuelle et suivant des mécanismes arrêtés en commun ;
S’interdire toute instrumentalisation de l’administration ainsi que des forces armées et de sécurité à des fins politiciennes partisanes ;
S’abstenir de participer à toute consultation électorale sans l’établissement au préalable d’un code électoral convenu d’accord parties et issu d’un processus consensuel.
Le Bureau Exécutif tient à préciser que ces conditions ne doivent être perçues ni comme irréalisables, ni comme des résultats à attendre d’un quelconque dialogue à venir. En effet, la satisfaction de la première condition ne requiert, en définitive, rien d’autre que le respect d’un accord déjà conclu sous la supervision des représentants des membres permanents du Conseil de sécurité, des Nations Unies, de l’Union Européenne, de l’Union Africaine, de la Ligue Arabe et de l’OCI.
Les autres conditions concernent des droits que la Constitution et les Lois de la République garantissent, mais que le Pouvoir a toujours bafoués.
Ces cinq conditions ne peuvent donc attendre un éventuel dialogue.
Quant au contenu du dialogue proprement dit, le Bureau Exécutif estime qu’il se ramène en fait à un seul point clé, à savoir comment dégager la Mauritanie de la dictature militaire et des tentatives continues de son « blanchiment », ainsi que l’édification d’un Etat réellement démocratique.
C’est la seule façon de sortir le pays de la crise profonde et multiforme dans laquelle il se débat depuis plusieurs décennies.
Nouakchott, le 08/08/2011
Le BUREAU EXECUTIF
Source : ANI le 08/08/2011
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