La situation des prisons en Mauritanie est lamentable et dramatique. Surtout quand on sait que les pauvres misérables qu’on y envoie sans raison et pour des futilités. Ceux-là, sont, le plus souvent, les enfants de pauvres anciens stigmatisés ou les fils de familles ostracisées et discriminées dans tout.
Par contre, pour les enfants de la bourgeoisie dominante et ceux de l’intelligentsia débonnaire qui gouverne le pays, la prison, s’ils y vont, n’est qu’un prolongement de l’eldorado factice dans lequel l’Etat les place, de par leurs conditions de naissance et leur origine sociale !
Ainsi, nous avons vu de jeunes mourir en prison pour avoir volé un minable portable qui ne vaut pas 6000 UM. On a vu des domestiques (jeunes filles et jeunes hommes) purger de longues années de prison pour avoir réclamé leurs salaires à leur malhonnête employeur, qui, refusant de payer, par mauvaise foi et roublardise portent plainte contre ces pauvres sans protection pour une fallacieuse et imaginaire accusation de vol. Sûr de la complicité de la police et de la justice, il finit toujours par avoir gain de cause et les pauvres domestiques passent à la trappe et se retrouvent en prison ! Ainsi, une femme de mœurs légères, louant un appartement et sans revenus s’attache, par irrationalité pure, les services de deux domestiques qu’elle emploie à la saignée avec des corvées inimaginables à longueur de journées et de semaines. A la fin du mois, au lieu de la paie, l’employé(e) est surpris par la police qui l’interpelle. Au poste, on lui notifie l’accusation de vol d’un tapis, si ce n’est de millions d’UM qui n’ont jamais existé. Sans rien entendre et sans mener une enquête à décharge, la police arrête systématiquement, le parquet dépose et le juge condamne. C’est le train-train lamentable des "justiciables" suppliciés d’avance dans ce pays pour ce qu’ils sont, non pour ce qu’ils auraient eu à commettre !!
Par contre, ceux qui ont tué des innocents, assassiné des soldats et des résidents sous la protection de l’Etat, aidé à enlever des touristes étrangers ou déstabilisé le pays, par le feu et le sang, sont placés dans des conditions de détention à trois étoiles. En prison, ce sont des animaux d’abat, des mariages à la Four Saisons et une vie de Pacha qui rythment leur vie. La corruption aidant, les détenus ont tout ce qu’ils veulent. Du téléphone portable dernier cri, à l’ordinateur et la clé de connexion à internet, si ce n’est un Thuraya pour joindre le "commandement" en Azawad ou quelque part entre Derna et Zintane en Libye. Le purgatoire des autres et un paradis trois étoiles pour d’autres. Les millions d’UM versés pour des assassins afin de "réguler" leur insertion après un hypothétique dialogue qui servait à sauver les fils de la bourgeoisie et à les récompenser pour les "faits d’armes" alors que d’autres rêvent pour un petit larcin, souvent imaginaire, ne fait que réconforter cette position de "deux poids, deux mesures" que suivent les autorités face au détenus.
Forts de cette puissante autorité morale, politique et sécuritaire qui les protège et assure leur arrière garde, les détenus salafistes sont passés à la vitesse supérieure. Certes pour punir l’Etat pour avoir failli à l’application de la loi pour avoir maintenu, arbitrairement, quatre des leurs en détention après la fin de leur période de condamnation, mais aussi pour rappeler qu’ils demeurent forts, armés et bien protégés par le Système. Mieux, ils ont réussi à nous faire vivre, en direct, et de l’intérieur de leur prison, le déroulement de cette humiliante prise d’otage pour nos forces armées et pour le pays !
Cet incident grave ne doit pas passer si facilement pour ceux qui ont la responsabilité de gérer les dossiers des détenus, donc le parquet, ni au niveau de la garde dont les éléments ont été démystifiés et mis au frais comme des poulets par des détenus "désarmés", dit-on !
En d’autres termes, un grand coup de balai s’impose au niveau des deux secteurs. Faute de quoi, nous n’aurons jamais tiré de leçon de la Bataille salafiste de la Prison civile, deuxième du genre à Nouakchott après celle du Centre émetteur, en 2008 !
Amar Ould Béjà
Source : L’Authetinc.info
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com