La France augmente son aide au « retour volontaire » pour inciter plus de migrants à retourner dans leur pays

Info Migrants  – Le montant de l’aide au « retour volontaire » (ARV) en France a été augmenté pour atteindre jusqu’à 3 500 euros, contre 2 500 euros auparavant, afin d’inciter un plus grand nombre de personnes en situation irrégulière à retourner dans leur pays. Cette hausse vise principalement les « nationalités les plus représentées parmi les migrants parvenant à atteindre le Royaume-Uni », indiquent les autorités françaises.

Le gouvernement français veut accélérer les renvois de personnes en situation irrégulière via son programme d’aide au « retour volontaire » (ARV). Pour ce faire, le ministère de l’Intérieur a pris un arrêté jeudi 4 octobre visant à augmenter son montant, mais uniquement pour certaines catégories de personnes.

Pour les « nationalités les plus représentées parmi les migrants parvenant à atteindre le Royaume-Uni après une traversée illégale en mer et qui font l’objet d’une obligation de quitter le territoire français » (OQTF), le plafond du montant de l’allocation forfaitaire est fixé à 2 200 euros (contre 1 200 auparavant) avec un « plafond majoré » de 3 500 euros (contre 2 500), précise le document publié au journal officiel.

Contactées par InfoMigrants, les autorités françaises n’ont pour l’heure pas communiqué les nationalités visées. Selon l’Observatoire des migrations de l’université d’Oxford, entre 2018 et 2024, les ressortissants de six pays représentaient 70% de l’ensemble des arrivées outre-Manche : l’Iran (17%), l’Afghanistan (15%), l’Irak (12%), l’Albanie (10%), la Syrie (9%) et l’Érythrée (8%).

Près de 7 000 aides au « retour volontaire » en 2024

Cette incitation au retour est également applicable aux ressortissants étrangers ayant fait l’objet d’une réadmission en France en application de l’accord du « un pour un » signé cet été entre la France et les autorités britanniques, précise l’arrêté.

Lorsque les migrants sont renvoyés vers la France depuis le Royaume-Uni via ce projet pilote, ils sont « en premier lieu incités à accepter l’aide au retour volontaire », avait expliqué en septembre le directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), Didier Leschi, joint par InfoMigrants. Ceux qui refusent l’aide au « retour volontaire » et ne relèvent pas de l’asile peuvent faire l’objet d’une OQTF – ils auront alors 30 jours pour quitter par eux-mêmes le sol français avant de s’exposer à un placement en centre de rétention en vue d’un retour forcé.

En 2024, l’Ofii avait versé 6 908 aides au « retour volontaire » (+2,36% par rapport à 2023), principalement à des ressortissants géorgiens et albanais (1 800), les trois pays du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie) atteignant le millier. En 2024, 23 pays faisaient partie du dispositif ARV développé en France.

Par ailleurs, cette aide est désormais versée « indépendamment de la date de notification de l’obligation de quitter le territoire français et du délai écoulé depuis cette notification ». Auparavant, l’aide, dégressive dans le temps, était calculée entre la notification de l’OQTF et la date de dépôt de la demande formulée auprès de l’Ofii.

Pression de Londres

Depuis plusieurs mois, Londres met la pression sur Paris pour empêcher les traversées de la Manche. En augmentant le montant de l’ARV, la France espère ainsi réduire les départs de « small boats », qui ont explosé cette année. Depuis le 1er janvier, plus de 39 000 exilés sont parvenus à atteindre l’Angleterre, contre près de 34 000 l’an dernier à la même période, selon les chiffres du Home office. Et sur l’ensemble de l’année 2024, 36 816 migrants étaient arrivés sur le sol britannique.

La semaine dernière, Le Monde révélait que le gouvernement s’apprêtait aussi à changer de doctrine dans la Manche. « Afin de préserver la vie humaine et de lutter contre les passeurs impliqués dans des réseaux criminels de trafic d’êtres humains, la gendarmerie maritime sera bientôt en mesure d’effectuer des opérations de contrôle et d’intervention en mer, sur des embarcations soupçonnées d’être des taxi-boats », indiquait à InfoMigrants la préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord (Premar). En clair, les autorités s’apprêtent à intercepter les canots en mer, avant qu’ils n’embarquent des migrants.

Le phénomène des « taxis-boats » correspond à la technique consistant à mettre un canot gonflable à l’eau avant que les migrants n’embarquent, « puis de longer la côte afin de récupérer en différents lieux d’autres passagers à proximité du rivage », expliquait la Prémar. Ce procédé est de plus en plus utilisé sur les côtes du nord de la France pour éviter les interceptions terrestres par la police.

« Il en résulte une augmentation considérable des risques encourus par les migrants, l’embarquement se faisant directement dans l’eau, dans des conditions toujours plus chaotiques« , soulignait encore la Prémar.

Source : Info Migrants (France)

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