
Deutsche Welle – Au Mali, le Jnim impose désormais le port du voile islamique aux voyageuses. C’est à travers un communiqué, diffusé sur les réseaux sociaux, que ces djihadistes, affiliés à Al Qaïda, ont ordonné aux femmes de ne plus voyager sans le hijab sur l’ensemble du territoire national.
Cette injonction fait suite à la reprise des activités de la compagnie de transport Diarra, dont le Jnim avait imposé l’arrêt depuis début septembre, en raison de son supposé soutien à l’armée malienne.
Une injonction qui rappelle les mesures prises lors de la prise de Tombouctou par les djihadistes, en 2012.
A chaque fois, ce sont les femmes qui sont les premières visées et les activistes féministes dénoncent cette situation.
La compagnie de transport Diarra a prévu la réouverture de ses gares ce lundi 20 octobre et la remise en circulation trois jours plus tard de ses bus pour les voyages à l’intérieur du Mali et à l’étranger.
Pour en arriver là, celle-ci a dû présenter ses excuses aux djihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim).
Une reprise conditionnée donc au port du voile islamique, le hijab, pour les voyageuses de Diarra et des autres compagnies du pays. Les femmes sont aussi obligées de porter le hijab lorsqu’elles empruntent les autres moyens de transport.
Fatouma Harber, la blogueuse de Tombouctou, se souvient avoir vécu la même situation lors de l’occupation de sa ville en 2012 par les groupes armés. Elle craint que le même scénario ne se répète.
« Quand ils disent s’appuyer sur la charia la loi islamique, nous les avons vus à l’œuvre. Ce sont des règles qui sont venues de façon graduelle. Ce sont toujours les femmes qui sont les premières cibles. On interdit aux femmes d’aller au marché, on interdit aux femmes de porter leurs habits traditionnels pour le hijab, ils ont pratiquement interdit l’école aux femmes. L’école n’était plus mixte durant l’occupation. Les garçons à part, les filles à part. Les enseignants n’avaient plus non plus la latitude d’enseigner les femmes. »

Appels à l’unité sur internet
Plusieurs figures féministes ont fait part de leur stupeur sur les réseaux sociaux à l’annonce de la nouvelle. Certaines ont appelé les Maliens à l’unité pour faire face à la situation.
Selon un membre du conseil national de transition, « les terroristes veulent mettre dans la tête des citoyens, qu’il n’y a plus d’armée et que c’est eux qui contrôlent la situation ».
Obliger les femmes qui voyagent de porter le hijab, le voile islamique, peu importe leur appartenance culturelle ou religieuse, n’est pas une recommandation de l’islam.
Mahamadou Kane
Source : Deutsche Welle (Allemagne) – Le octobre
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