– Ce n’est qu’une élection municipale et pourtant… Le scrutin qui se joue, mardi 4 novembre, à New York a pris une dimension hors normes aux Etats-Unis et au-delà. L’ascension de Zohran Mamdani, candidat démocrate et socialiste revendiqué, qui vise la conquête du city hall (« mairie »), est devenue, en l’espace de quelques jours, le feuilleton politique le plus suivi du pays. Au point que Donald Trump décide, après des mois de tergiversations et de demi-déclarations, de mettre tout son poids dans la balance pour tenter de faire battre le favori de la course.
Le président des Etats-Unis a posté un message sans ambiguïté sur son réseau social, lundi 3 novembre au soir, dans lequel il enjoint les habitants de sa ville natale à voter pour Andrew Cuomo, le principal opposant du démocrate. « Si le candidat communiste Zohran Mamdani remporte l’élection de maire de New York, il est très peu probable que je débloque les fonds fédéraux, autres que le minimum requis, pour ma première maison bien-aimée, car, communiste, cette ville autrefois grande n’a aucune chance de succès, ni même de survie ! », a-t-il écrit.
La menace de rétorsion est très claire et rappelle celle formulée à l’encontre du peuple argentin. Juste avant les législatives, fin octobre, il avait prévenu que les Etats-Unis retireraient leur soutien financier à Buenos Aires si les électeurs venaient à défaire son allié Javier Milei dans les urnes. Le président ultralibéral argentin a finalement remporté la victoire. La perspective d’une punition financière va-t-elle peser sur le vote des New-Yorkais ?
Donald Trump a attendu les derniers instants pour soutenir officiellement Andrew Cuomo et désavouer très directement le candidat républicain, Curtis Sliwa, encore en course. « Nous devons également nous rappeler ceci : un vote pour Curtis Sliwa (qui est bien plus beau sans le béret !) est un vote pour Mamdani, a-t-il posté, en référence à la coiffe rouge arborée en permanence par le candidat de la droite. Que vous aimiez personnellement Andrew Cuomo ou non, vous n’avez vraiment pas le choix. Vous devez voter pour lui et espérer qu’il fasse un travail fantastique. Il en est capable, Mamdani ne l’est pas ! »
Campagne antiélites
Qu’est-ce qui justifie ce soutien de Donald Trump à Andrew Cuomo, l’ancien gouverneur démocrate de l’Etat de New York, qui a dû démissionner à la suite d’accusations de harcèlement sexuel (qu’il conteste) ? Ce dernier a perdu, en juin, la primaire de son propre parti face à Zohran Mamdani, avant de décider de concourir en indépendant.
Selon The Wall Street Journal, le président américain avait confié à ses conseillers, début octobre, que la course était pliée en faveur de Zohran Mamdani, qui affichait une avance confortable de 10 à 20 points dans tous les sondages. Mais l’espoir est revenu dans le camp Cuomo ces dernières heures : deux études, réalisées par l’institut Atlas Intel et parues lundi, montrent un écart qui se resserre considérablement, entre 5 et 7 points.
Difficile de faire des prédictions à New York, où le sondage politique semble être un art complexe : les écarts entre les différents instituts d’un jour sur l’autre peuvent monter jusqu’à 20 points. Impossible également de dégager une tendance dans les opérations de vote anticipé. Elles ont été marquées par une très forte participation, sans que l’on puisse déterminer qui en profitera le plus.
A la veille du scrutin, plusieurs figures de la droite américaine tentent de faire pencher la balance en postant des messages de soutien à Andrew Cuomo, comme Elon Musk, le patron de Tesla, un temps très proche de Donald Trump. Zohran Mamdani a fait du rejet du président des Etats-Unis et des milliardaires l’un des gimmicks de sa campagne antiélites. « Félicitations Andrew Cuomo, je sais que tu as travaillé dur pour cela », a-t-il ironisé sur ses réseaux sociaux, après le message du président.
Phénomène populiste
L’ancien gouverneur a besoin de chaque voix pour espérer combler son retard. Il n’a pas rejeté le soutien de Donald Trump, qu’il a pris soin de ménager lors des différents débats télévisés. Au contraire, il a essayé de capitaliser sur les menaces de la Maison Blanche, lundi, sur X : « Si vous voulez que le président Trump essaie de prendre le contrôle de la ville – avec la garde nationale dans les rues et la fin des fonds fédéraux –, votez pour Zohran Mamdani, parce que Trump a dit qu’il le ferait et ce poseur de Mamdani ne sera pas capable de l’en empêcher. »
Dans la dernière ligne droite, il a multiplié les déplacements sur le terrain et matraqué ses messages sur les points faibles identifiés de son adversaire : ses positions propalestiniennes, dans une ville qui compte la première communauté juive au monde, son inexpérience politique et son programme extrêmement dépensier, qui conduirait à une hausse des impôts locaux.
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