
– Ce message-là de Donald Trump, sur son réseau Truth Social, pèse d’un poids particulier, unique même. Publié mercredi 8 octobre, peu avant 19 heures à Washington (soit 1 heure, jeudi, à Paris), il annonçait qu’Israël et le Hamas avaient accepté les termes de la première phase du plan de paix pour Gaza, présenté le 29 septembre. « Cela veut dire que tous les otages seront bientôt libérés, a écrit le président américain, et qu’Israël va retirer ses troupes le long d’une ligne négociée, comme premiers pas en direction d’une paix forte, durable et éternelle. Toutes les parties seront traitées de façon équitable ! » Et Donald Trump de remercier particulièrement le Qatar, l’Egypte et la Turquie, qui, pendant ce temps-là, à Charm El-Cheikh, en Egypte, servaient de médiateurs entre la délégation israélienne et celle du Hamas.
Dans la matinée, l’envoyé spécial américain, Steve Witkoff, et le gendre du président, Jared Kushner, étaient arrivés en Egypte pour accompagner le dernier effort diplomatique. Deux ans après les attaques terroristes du 7 octobre 2023 commises par le Hamas contre Israël, suivi d’une guerre ayant ravagé la bande de Gaza, l’espoir d’une cessation des hostilités se dessine enfin. Donald Trump lui-même devrait se rendre en Egypte dans les prochains jours.
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, s’est félicité, sur X, d’un « succès diplomatique et d’une victoire morale et nationale pour l’Etat d’Israël », qualifiant l’accord de « tournant critique ». Le dirigeant réunira, jeudi, son gouvernement. Celui-ci doit formellement approuver les termes du texte et, notamment, la remise en liberté de 250 prisonniers palestiniens condamnés à vie, en plus de 1 700 autres arrêtés à Gaza par l’armée israélienne depuis le début de la guerre. Une fois cette étape franchie, la libération des 20 otages estimés encore vivants – auxquels s’ajoutent les corps d’environ 25 autres – devrait intervenir d’ici à lundi 13 octobre, dans un mélange de deuil et de joie en Israël.
Pas un mot sur le futur du Hamas
Le plan de paix en 20 points, présenté par Donald Trump fin septembre, dessine une longue route à parcourir, avec beaucoup d’inconnues et de risques. Les jours qui avaient précédé sa révélation avaient été très tendus. Les pays du Golfe – en particulier, le Qatar et l’Arabie saoudite – avaient suggéré des amendements au texte, qui n’avaient pas été retenus. Au contraire, la dernière mouture prenait en compte les commentaires faits par Benyamin Nétanyahou, la veille de son apparition sur le seuil de la Maison Blanche. Interrogé quelques jours plus tard par le site Axios, à propos des résistances du dirigeant israélien, Donald Trump avait lâché : « Il faut que cela lui convienne. Il n’a pas le choix. »
Si le soulagement dominait dans la soirée de mercredi, il n’était pas clair de quelle façon le désarmement progressif du Hamas serait organisé. Dans un communiqué, le mouvement islamique armé disait avoir conclu « un accord prévoyant la fin de la guerre contre Gaza, le retrait d’[Israël], l’entrée de l’aide et un échange de prisonniers ». Pas un mot sur le futur du Hamas, de ses dirigeants encore en vie et de ses armes. Le plan de paix américain prévoit qu’une fois les otages libérés, les membres du Hamas qui renonceraient à la lutte armée bénéficieraient d’une amnistie et d’un droit de passage protégé vers l’étranger.
En revanche, le communiqué du mouvement armé appelle les Etats-Unis, les autres pays garants de l’accord et l’ensemble des acteurs internationaux à s’assurer qu’Israël ne tentera pas d’éviter ou de retarder la mise en œuvre des conditions agréées. On ne sait pas davantage de quelle manière une autorité transitoire et technique palestinienne pourrait prendre le contrôle de la bande de Gaza. Jusqu’à mercredi, pendant les trois jours de négociations ardues à Charm El-Cheikh, la priorité était ailleurs. Le retour des otages en Israël, après une terrible épreuve de deux ans, permettrait enfin d’envisager un afflux massif d’aide humanitaire dans l’enclave et un peu de répit pour une population à genoux, dépourvue des infrastructures élémentaires de la vie quotidienne.
Destin des Gazaouis
Donald Trump se trouvait, mercredi après-midi, en pleine réunion dans la Blue Room (la « salle bleue »), devant les caméras, lors d’une table ronde consacrée à la supposée menace antifasciste aux Etats-Unis, lorsque Marco Rubio est entré dans la pièce. Le secrétaire d’Etat a salué l’assistance, n’a pas fait de commentaire, mais a transmis au président une feuille de papier, à en-tête de la Maison Blanche. Il avait griffonné ce message, facilement décrypté par les photographes. « Très proche, résumait la note, au sujet des négociations en Egypte. Nous avons besoin que vous approuviez bientôt un post sur Truth Social pour que vous puissiez annoncer l’accord en premier. »
Une fois la réunion achevée, Donald Trump s’est entretenu avec Benyamin Nétanyahou. Selon la presse israélienne, le premier ministre a invité le chef de l’Etat à prononcer un discours devant la Knesset (le Parlement), à l’occasion de sa visite imminente à Jérusalem. « Le président de la paix », affichait le compte X de la Maison Blanche, mercredi soir. Donald Trump a réussi un exploit : celui de recueillir les remerciements du Hamas et d’Israël. Cela ne présage en rien de la suite du destin des Gazaouis.
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