– Le président français a dénoncé une vidéo Facebook générée par IA comme un exemple de propagation de fausses informations et des manquements de Meta. Le diffuseur des images assure, lui, qu’il ne cherchait qu’à se faire connaître.
C’est un jeune homme méfiant, mais aussi « un peu stressé et impressionné » qui répond au téléphone. L’adolescent, qui a demandé à rester anonyme, explique ne pas avoir prévu que sa vidéo allait tant faire parler. Diffusée début décembre sur une page Facebook qu’il administre depuis le Burkina Faso, elle montrait de fausses images d’une journaliste annonçant depuis Paris un « coup d’Etat en France » et la prise de pouvoir d’un colonel. Cette vidéo, qui a aussi été postée sur TikTok par la même personne et présente tous les signes d’une génération par intelligence artificielle (IA), a été citée par Emmanuel Macron comme un exemple de désinformation et des problèmes de modération de Meta, à l’occasion d’une rencontre avec les lecteurs de La Provence, le 16 décembre. Car Meta aurait refusé de dépublier ces images, s’est offusqué le président, alors même que l’Elysée en avait lancé la demande. « De manière évidente, ça crée le chaos », a commenté Emmanuel Macron, qui a dit avoir appris l’existence des images par un « collègue africain » l’ayant contacté après être tombé sur cette vidéo aux « 12 millions de vues ». Face au « refus de retrait » des images, le président a jugé que Meta et ses équipes « se moquent de nous. Ils se moquent de la souveraineté des démocraties et donc ils nous mettent en danger ». Le président n’a pas précisé si les services de l’Etat français avaient aussi demandé à TikTok de dépublier les images. Contacté par Le Monde, Meta n’a pas souhaité répondre à ces accusations de l’Elysée, relevant seulement avoir appliqué son label habituel sur la vidéo pour signifier qu’elle avait été générée par IA. La plateforme dirigée par Mark Zuckerberg explique aussi qu’il n’était pas nécessaire de dépublier les images, car elles ne présentaient pas de risques imminents pour l’intégrité physique de quelqu’un. Selon les explications données au Monde par le jeune homme qui a posté la vidéo sur Facebook, celui-ci ne cherchait pas vraiment à lancer un message « politique ». Sa première réponse à notre prise de contact écrite a consisté en des « excuses sincères » : « Je respecte les institutions, les peuples et les autorités, et je m’engage désormais à produire un contenu responsable, vérifié et respectueux. »Une vidéo finalement supprimée
Afin de prouver qu’il était bien l’administrateur de la page qui a diffusé la vidéo, l’adolescent a expliqué, pendant l’entretien téléphonique, qu’il allait supprimer la séquence à l’issue de notre appel. Elle a effectivement été retirée de sa page Facebook quelques minutes plus tard, dans la matinée du 17 décembre. Meta a ensuite confirmé au Monde que cette vidéo avait été directement supprimée par l’utilisateur qui l’avait postée. Contacté, Viginum, le service français de lutte contre les ingérences numériques étrangères, n’a pas souhaité répondre à nos questions.
« Je ne sais pas pourquoi je l’ai fait, je l’ai juste créée comme ça », assure le jeune homme. Il ajoute cependant s’être inspiré de « plein de vidéos de faux coups d’Etat » dans des pays d’Afrique créées par IA, aperçues ces derniers temps sur les réseaux sociaux. Sa page Facebook continue d’ailleurs de proposer d’autres fausses séquences du genre.
Visibilité inespérée
Car le but de ses activités en ligne est d’abord, selon lui, de faire la démonstration de ses capacités techniques en matière de création de vidéos par IA. Il dit avoir créé la séquence du faux coup d’Etat en France en quelques minutes sur son smartphone, grâce à un portail de création gratuite de vidéo IA, en s’appuyant sur Sora 2, la technologie de création de vidéo par IA développée par OpenAI.
Sur TikTok et Facebook, le jeune homme poste tout et n’importe quoi, « pour percer », comme il le dit dans une de ses premières vidéos. Il surfe sur les dernières tendances IA pour maximiser les vues de ses vidéos, pour ensuite toucher de l’argent grâce aux publicités. Jusqu’ici, son plus gros succès a été modeste : « une vidéo où un homme est en train de mettre sa tête dans une machine à coiffer futuriste », qui lui aurait rapporté 10 euros.
– (Le 17 décembre 2025)
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