Courrier international – Ali Muhammad Abd-Al-Rahman était connu sous le nom d’“Ali Kushayb” et craint comme le “colonel des colonels”, narre le site de Radio Dabanga. L’ancien haut responsable des milices janjawids, aujourd’hui âgé de 76 ans, a été condamné à vingt ans de prison par la Cour pénale internationale, à La Haye, le mardi 9 décembre. Il est resté impassible à l’annonce de sa peine par la juge présidente, Joanna Korner.
En octobre, il avait été reconnu coupable de 27 chefs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dans la région de l’ouest du Soudan, parmi lesquels l’orchestration de viols, meurtres, tortures et autres atrocités perpétrées par les milices janjawids durant la guerre du Darfour, au début des années 2000.
Ali Kushayb a “donné les ordres qui ont directement conduit aux crimes” lors d’attaques qui visaient principalement les membres de la tribu des Four, considérés comme participant à la rébellion contre les autorités soudanaises. Il a “perpétré personnellement certains d’entre eux en utilisant une hache qu’il portait afin de battre les prisonniers”, a précisé la juge présidente, citée par la Deutsche Welle.
Les successeurs des janjawids
Cette condamnation clôt le premier procès de la CPI consacré au Darfour, lancé dès 2005, lorsque le Conseil de sécurité des Nations unies a déféré l’affaire à la cour de justice internationale. “Une décision historique”, saluée par The East African.
Les combats au Darfour ont débuté en 2003, lorsque des rebelles ont pris les armes contre le gouvernement du président soudanais de l’époque, Omar Al-Bachir, l’accusant de marginaliser cette région de l’ouest. Les milices janjawids, fortes de plusieurs milliers d’hommes se revendiquant pour la plupart de tribus arabes, ont alors été mobilisées par le gouvernement soudanais pour écraser cette rébellion. Ali Kushayb en était l’un des principaux commandants. Le conflit a formellement pris fin en 2020, avec la signature d’un accord de paix entre les principaux belligérants, après avoir fait 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés, selon un bilan de l’ONU. Mais de nouveaux combats ont éclaté à travers le Soudan en avril 2023 entre l’armée régulière et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), “largement considérés comme les successeurs des janjawids”, rappelle la Deutsche Welle.
“Reste à voir si la justice n’est pas arrivée […] trop tard”, tempère néanmoins The East African. “Alors que les défenseurs des droits humains saluent ce verdict, […] la recrudescence des violences au Soudan menace d’éclipser ce moment. Avec des millions de déplacés et des milliers de morts dans ce conflit qui a repris, la question est la suivante : la justice pour les atrocités passées peut-elle mettre fin à l’horreur qui se poursuit, ou est-il déjà trop tard ?”
Début novembre, le bureau du procureur de la CPI a averti que les massacres commis dans la ville d’El-Fasher, siège de l’autorité régionale du Darfour, pourraient constituer des crimes de guerres et des crimes contre l’humanité.
Source : Courrier international (France)
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