CAN 2025 – Sénégal–RD Congo : le choc des certitudes et des doutes

Ce samedi, les lions du Sénégal et les léopards de RD Congo se retrouvent pour un duel qui dépasse largement le cadre d’un simple match de phase de groupes.

Deux victoires inaugurales, deux ambitions affirmées, mais surtout deux trajectoires différentes qui se croisent à un moment clé du tournoi.

D’un côté, le Sénégal avance avec la puissance tranquille des favoris. De l’autre, la RD Congo progresse à pas feutrés, mais avec cette capacité à déranger les hiérarchies que seules les équipes rugueuses et pragmatiques savent cultiver.

Le Sénégal, la force tranquille

Face au Botswana (3-0), les Lions de la Teranga ont envoyé un message clair : domination territoriale, intensité physique et richesse offensive. Vingt-huit tirs, une occupation permanente du camp adverse et une impression de maîtrise rarement démentie. Le but de Nicolas Jackson, servi par un centre tendu de Jakobs, illustre parfaitement l’ADN de ce Sénégal : largeur, percussion, efficacité dans la surface.

Pape Thiaw dispose d’un luxe rare dans cette CAN : un banc capable de maintenir voire d’augmenter – le niveau.

Mané, Sarr, Ndiaye, Dia, Jackson… le danger peut venir de partout, à tout moment. Et surtout, cette équipe sait gérer les temps faibles, une compétence décisive en tournoi.

Mais tout n’est pas parfait. Cette domination assumée expose parfois les Lions aux transitions adverses. Trop projeter de joueurs, c’est offrir des espaces dans le dos des latéraux. Et contre un adversaire comme la RD Congo, la sanction peut être immédiate.

La RD Congo, l’art de survivre

La victoire 1-0 contre le Bénin n’a rien d’un feu d’artifice. Elle dit pourtant beaucoup de cette sélection congolaise : discipline, patience et capacité à frapper au bon moment. Bongonda, Elia, Bakambu ou Banza incarnent cette menace permanente en transition, ce poison lent qui endort puis frappe.

Défensivement, la RDC s’appuie sur l’expérience et le leadership de Chancel Mbemba, véritable chef d’orchestre d’un bloc compact, rarement désorganisé. Le plan est clair : fermer l’axe, forcer l’adversaire à centrer sous pression, puis exploiter la moindre erreur.

L’absence de Yoane Wissa réduit cependant les options offensives et la profondeur. Et face à un Sénégal capable d’installer le jeu pendant de longues séquences, subir trop longtemps revient souvent à reculer jusqu’à la rupture.

Un passif qui compte

Impossible d’aborder ce match sans évoquer leurs confrontations récentes en éliminatoires du Mondial 2026. Un nul 1-1 à Dakar, puis un match renversant à Kinshasa où la RDC menait 2-0 avant de s’incliner 3-2. Deux rencontres révélatrices : la RDC sait faire mal au Sénégal, mais le Sénégal possède ce supplément d’âme qui fait basculer les grands matchs.

Sur la durée, les chiffres parlent d’eux-mêmes : deux équipes proches, séparées par quelques points seulement au classement des qualifications mondiales. Mais en phase finale, la logique n’est jamais linéaire.

Les clés du match

Tout se jouera sur la capacité du Sénégal à transformer sa domination en buts rapides. S’il marque tôt, la RDC sera contrainte de s’ouvrir, un terrain favorable aux Lions. À l’inverse, si les Congolais tiennent, cassent le rythme et frappent en transition, la rencontre peut basculer dans un scénario bien plus inconfortable pour le favori.

Le Sénégal possède plus de solutions, plus de certitudes, plus de profondeur. La RD Congo, elle, n’a peut-être qu’un seul plan, mais c’est un plan redoutable.

Dans une CAN où les détails font la loi, ce Sénégal–RD Congo pourrait bien être décidé par un centre mal repoussé, une transition éclair ou un moment d’égarement. Et c’est précisément pour cela qu’il s’annonce passionnant.

 

 

 

Souleymane Hountou Djigo

Journaliste, blogueur

 

 

 

 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page