CAN 2025 : obtenir son visa, un parcours du combattant pour les supporteurs africains

En plus d’interminables détours pour gagner le Maroc, les ressortissants originaires de huit pays du continent ont dû effectuer de lourdes démarches afin d’acquérir un visa électronique pour accéder aux stades.

Le Monde   – Le match s’est joué à guichets fermés dans un stade rempli de drapeaux verts et blancs. « On se croirait à Alger ! », a fait remarquer un supporteur à son voisin avant d’entonner le célèbre « One-two-three… Viva l’Algérie ! » Les partenaires de Riyad Mahrez, Mohamed Amoura et Luca Zidane – sous les yeux de son père Zinedine – ont signé une nette victoire (3-0) face au Soudan, mercredi 24 décembre, pour leur entrée en lice dans la Coupe d’Afrique des nations (CAN).

Au stade Moulay Al-Hassan de Rabat, la majorité des supporteurs des Fennecs, l’équipe nationale, étaient des Algériens résidant au Maroc. Ils sont venus de Casablanca, Tanger, Marrakech et évidemment de Rabat, la capitale. D’autres avaient fait le déplacement depuis l’Algérie. Comme le montraient leurs drapeaux, ces groupes de supporteurs arrivaient de Kabylie, d’Oran ou d’Alger.

Mais pour eux, le voyage a pris des airs de casse-tête. Entre le Maroc et l’Algérie, les relations diplomatiques sont rompues depuis 2021 en raison de leur conflit sur le statut du Sahara occidental, contrôlé en majeure partie par le Maroc mais revendiquée par les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie. A cause de ces tensions, la frontière terrestre qui sépare ces pays est fermée depuis 1994, et il n’existe aucune ligne aérienne reliant les deux territoires.

« Galères » et tracasseries

Pour aller soutenir leur équipe de l’autre côté de leur frontière ouest, de nombreux Algériens ont dû d’abord partir vers l’est. « Je suis passé par la Tunisie, raconte Sofiane, venu avec son frère encourager les Fennecs. J’ai pris le taxi dans la ville d’Annaba, où j’habite, pour faire les 350 kilomètres qui me séparent de l’aéroport de Tunis-Carthage. De là, j’ai pris l’avion jusqu’à Rabat. »

Des supporteurs algériens arrivent au stade Moulay Al-Hassan de Rabat le 24 décembre 2025 pour assister au match de football du groupe E de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) opposant l’Algérie au Soudan.

Pour les Algerois, le trajet par la route aurait été trop long. Ils ont dû se résoudre à prendre un premier avion dans la capitale algérienne puis à faire une escale en Tunisie ou en France avant d’atterrir sur le sol marocain. « Je suis passé par Marseille, explique Ramy qui a la double nationalité franco-algérienne. Au final, le voyage me coûte assez cher mais je ne regrette pas J’espère que l’Algérie ira au bout de la compétition. »

Après avoir vu leur équipe enchaîner les contre-performances en 2021 et 2023 quand l’Algérie n’est pas parvenue à se qualifier pour les huitièmes de finale, Sofiane, Ramy et les autres se disent prêts à rester au Maroc jusqu’au dimanche 18 janvier, jour de la finale, pour voir les Fennecs remporter un troisième titre après ceux de 1990 et 2019.

Aux « galères » du voyage sont venues s’ajouter les tracasseries administratives. Avant le début de la CAN, les Algériens pouvaient se rendre au Maroc sans visa. Mais le comité d’organisation de la compétition et les autorités ont instauré, entre le 25 septembre 2025 et le 25 janvier 2026, la nécessité d’obtenir un visa électronique pour les ressortissants originaires de huit pays africains : l’Algérie, le Burkina Faso, le Cap-Vert, le Gabon, le Niger, le Sénégal, le Togo et la Tunisie.

Gratuits, ces visas électroniques sont délivrés via l’application « YALLA », une plateforme officielle. L’accès aux stades et aux emplacements des supporteurs nécessite aussi un « FAN ID », un document d’identification numérique.

En plus du passeport à scanner, les demandeurs devaient envoyer des pièces justificatives de leur hébergement ainsi que des garanties financières pouvant assurer leurs dépenses quotidiennes. « Les agences qui organisent habituellement les déplacements de supporteurs n’ont rien proposé pour cette CAN à cause du surcoût occasionné par les billets d’avion en période de fêtes de fin d’année, avance un journaliste algérien qui souhaite rester anonyme. Il y a quelques semaines, il était très difficile d’obtenir le e-visa. Tout était bloqué et les gens criaient au scandale contre le Maroc. Les dossiers se sont finalement débloqués tardivement, une semaine environ avant le début de la compétition. »

Des journalistes venus de pays d’Afrique subsaharienne ont aussi connu leur lot de difficultés. « Ma première demande de visa a été rejetée début décembre, se souvient Thierno Diallo, journaliste à la Radio-Télévision sénégalaise (RTS). La seconde a été obtenue assez rapidement mais je connais des supporteurs qui ont été découragés par ces procédures. C’était plus simple lors des précédentes éditions de la CAN, au Cameroun et en Côte d’Ivoire. »

Ils savent déjà que les démarches nécessaires pour suivre la compétition au Maroc représentent peu d’effort face à ce qui les attendra pour couvrir le Mondial 2026 qui se tiendra au Mexique, aux Etats-Unis et au Canada. Alors que des restrictions de visa ont été imposées aux ressortissants de nombreux pays africains, l’administration Trump a fait savoir que certains visiteurs seront sous « surveillance particulière » et que leurs dossiers seront donc scrutés de près.

 

 

 

 

Source : Le Monde  

 

 

 

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