Campagne de contre-saison : Les agriculteurs accusent

(Crédit photo : anonyme)

Les agriculteurs ne cessent, depuis mars 2012, de lancer des cris de détresse. « Si rien n’est fait pour la livraison de l’engrais nécessaire à la culture du riz, la récolte au cours de cette campagne de contre-saison risque d’être passée en perte et non profit « , ont-ils menacé !

Un très mauvais coup médiatique en perspective pour le Gouvernement, mais surtout, pour le président Aziz, qui a voulu être l’instigateur d’une  » révolution verte «  avec l’engagement de dizaines de jeunes diplômés chômeurs dans un secteur qui a déjà englouti, par le passé, des milliards d’ouguiyas.

Les agriculteurs de l’irrigué ne décolèrent plus. La présente campagne agricole va droit à la catastrophe, selon leurs prévisions, à cause d’un manque cruel d’engrais. Le mécontentement généralisé au niveau des agriculteurs qui ont accusé le ministère du Développement rural de négligence, lui faisant porter du coup la responsabilité d’un très probable échec de cette saison 2011 – 2012, a pris l’allure d’une crise entre le Département et les producteurs qui sont même allés jusqu’à déposer une plainte auprès du tribunal du Trarza, réclamant au ministère du développement rural l’enveloppe de 11.929.190.000 UM comme dommages pour le préjudice subi !

Ainsi, les agriculteurs au niveau du Trarza considèrent que c’est le retard dans l’envoi des engrais qui constitue la principale cause de l’échec de la présente campagne agricole, du fait que la plupart d’entre eux n’ont pas reçu la deuxième dotation. Pire, certains affirment même ne pas avoir reçu la première !

De son côté, le ministère du Développement rural a affirmé, par la voix du Conseiller chargé de la Communication, Sidi Ould Ahmed Maouloud, que l’Etat  » a tout fait pour que la présente campagne agricole réussisse « . Il a cependant reconnu, dans une déclaration à Sahara média, que le ministère reconnait qu’il y a effectivement un manque cruel dans l’importation des engrais pour cette année, mais que cela est dû à plusieurs facteurs dont l’augmentation considérable de la superficie des terres mises en valeur au cours de la campagne hivernale, qui est passée de 19.926 hectares en 2012, à 20345 hectares en 2011 alors que la moyenne au cours de la dernière décennie était seulement de 14.075 hectares. Autre raison avancée, le développement considérable dans les campagnes de contre-saison, les parcelles mises en valeur ayant passées d’une moyenne de 3461 hectares, au cours de la dernière décennie (2000-2009) à 5000 hectares, en 2011 et plus de 12000 hectares au cours de la présente campagne. Loin des prévisions qui tablaient seulement sur 7000 hectares. Enfin, la restructuration de la commission des marchés, avec la création de commissions sectorielles, ce qui a augmenté le temps des consultations, en plus du retard pris par le fournisseur pour la livraison des produits prévue initialement le 3 mai 2012.

Le conseiller du ministre a ajouté que le département a pris toutes les mesures nécessaires, comme par exemple, l’achat de 700 tonnes d’engrais et sa distribution en concertation avec les agriculteurs, la livraison dans les plus brefs délais de 1200 tonnes supplémentaires et l’envoi sur le terrain d’une commission technique chargée d’évaluer la situation. Ould Ahmed Maouloud a ensuite indiqué que les agriculteurs eux-mêmes  » contribuent au déficit constaté en engrais en tentant de tromper les services gouvernementaux par la livraison de fausses informations sur les superficies mises en valeur et ce, pour obtenir des quantités plus importantes d’engrais subventionnés pour les utiliser à d’autres fins « .

Accusations de part et d’autre

Pour le président de l’Association pour le développement et la diversification agricole, Yahya Ould Beybe, la campagne rizicole actuelle  » est au bord de la catastrophe à cause du manque d’engrais « , précisant que les agriculteurs ont lancé des appels de détresse montrant l’ampleur des dégâts qu’ils risquent de supporter cette année si rien n’est fait à temps.

Il a ajouté que le wali du Trarza a transféré leurs doléances au ministère du Développement rural, dans une correspondance portant le numéro 77 du 21 mars 2012,  » mais qui est restée sans réponse « , selon son expression. Il a poursuivi en disant :  » le fait de laisser les Mauritaniens importer ce qu’ils consomment à coût de milliards d’ouguiyas, de subventionner des agriculteurs thaïs et occidentaux au moment où les terres de la Chamama, estimées à 136.000 hectares, ne sont exploitées qu’au sixième, relève de l’irresponsabilité « .

Il a révélé que le tribunal du Trarza a accordé un délai de 10 jours au ministère du Développement rural pour répondre aux revendications des agriculteurs qui n’ont pas hésité à déposer une plainte contre lui.

De son côté, Ebety Ould Abdou, propriétaire de la parcelle numéro 36, et membre de la deuxième vague de diplômés chômeurs financés par l’Etat, a indiqué que  » les récoltes ont beaucoup pâti de la non livraison des engrais en temps opportun « . Il a affirmé que le ministère a été averti  » au moment qu’il faut du manque d’engrais dans les magasins de la Sonimex et qu’il avait le temps nécessaire pour en importer ». Il a ajouté :  » nous ne nions pas que l’agriculture est subventionnée, mais c’est le cas partout et c’est pourquoi nous demandons à notre gouvernement de redoubler pour réaliser l’autosuffisance alimentaire ».

En ce qui concerne la lutte contre les oiseaux granivores, Ould Abdou a indiqué que l’avion qui a été dépêché par le gouvernement pour cette mission « ne suffit pas pour couvrir les 25.000 hectares mis en valeur, de Keur Macène au Trarza, à Boghé, dans la wilaya du Brakna « , ajoutant que les voitures utilisées à cet effet  » manquent d’efficacité « .

Quant à Mohamed Ould Guewad, investisseur privé dans la zone de  » Gweïra « , entre Rosso et Keur Macène, il a déclaré :  » nous ne sommes pas des fonctionnaires et n’avons pris aucun crédit avec l’Etat ; notre sort dépend des récoltes que nous allons réalisées. Partant de cela, nous avons contracté des dettes auprès d’hommes d’affaires pour pouvoir importer les engrais à partir du Sénégal « . Il a ajouté :  » nos champs n’ont pas de problèmes mais leurs récoltes sont hypothéquées aux hommes d’affaires qui nous réclament le prix de l’engrais. Seuls ceux qui n’ont pas pu trouver de crédits auprès des hommes d’affaires courent de grands risques « .

MOMS

Source  :  L’Authentique le 05/06/2012

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