– La situation demeurait volatile au Bénin, dimanche 7 décembre en début de soirée, après que le pouvoir a assuré avoir « mis en échec » une tentative de coup d’Etat dirigée contre le président, Patrice Talon. Le retour au calme semblait toutefois incertain à Cotonou, la capitale économique, où des tirs et détonations continuaient à se faire entendre par endroits. Selon son entourage, le président Talon, qui ne s’est pas exprimé, est en sécurité.
Il était environ 7 h 30 lorsque des rafales ont été entendues autour de sa résidence, située dans le centre de la ville, à proximité de l’ambassade de France. Selon des sources sécuritaires, ces tirs auraient fait au moins deux morts. Quelques instants plus tard, huit militaires sont apparus à la télévision nationale, la SRTB. En tee-shirt et gilet pare-balles, fusil d’assaut autour du cou et casque mal ajusté, leur porte-parole a annoncé que le « Comité militaire pour la refondation [avait] démis le président de ses fonctions » et désignait le lieutenant-colonel Pascal Tigri comme son meneur.
Le Bénin, considéré comme un pôle de stabilité régionale, paraissait alors rejoindre la longue liste des pays africains ayant connu un coup d’Etat militaire ces cinq dernières années, dix jours après un putsch en Guinée-Bissau, et moins de deux mois après Madagascar.
Dénonçant la gouvernance de Patrice Talon, ces mutins, pour partie membres de la garde nationale, ont justifié leur action par la « dégradation continue de la situation sécuritaire au nord du Bénin », la « négligence envers les soldats tombés au front et leurs familles laissées à leur sort », ainsi que par « des promotions injustes au détriment des plus méritants », selon les messages lus à la télévision.
Frontalier du Burkina Faso et du Niger, le septentrion béninois est régulièrement la cible d’attaques meurtrières menées par des groupes djihadistes sahéliens. Mi-avril, au moins 54 soldats avaient été tués dans le parc national du W, soit la plus lourde perte jamais subie par l’armée depuis le début des incursions djihadistes dans le nord du pays, fin 2021.
En parallèle de cette déclaration télévisée, d’autres militaires ont essayé d’attaquer le palais présidentiel, mais ils ont été rapidement repoussés par la garde républicaine chargée de le protéger. Dès la mi-journée, un dirigeant ouest-africain indiquait au Monde que Patrice Talon, avec qui il avait pu s’entretenir, lui avait confié être « en sécurité », se disant « confiant sur le fait que tout allait rapidement rentrer dans l’ordre ».
Dérive autoritaire
La situation est un temps demeurée plus confuse autour du siège de la SRTB, dont le signal a été coupé après l’annonce des mutins. « C’est relativement facile de prendre la télévision et de faire un communiqué. Mais tant que tu n’as pas le président entre tes mains, rien n’est joué », rappelait un officier malien sous couvert de l’anonymat, dont le pays a connu en août 2020 le premier putsch d’une longue série en Afrique de l’Ouest, qui a successivement vu des juntes prendre le pouvoir en Guinée, au Burkina Faso, au Niger, et donc, dernièrement, en Guinée-Bissau.
Vers midi, Alassane Seidou, le ministre béninois de l’intérieur, s’est exprimé dans une allocution diffusée à la télévision nationale. « Les forces armées béninoises et leur hiérarchie, fidèles à leur serment, sont restées républicaines. Leur riposte a permis de garder le contrôle de la situation et de faire échec à la manœuvre », a-t-il affirmé. « Il n’y a pas d’inquiétude à avoir. L’armée a repris les choses en mains », assurait, de son côté, un officier béninois joint par Le Monde. A Cotonou, des tirs ponctuels continuaient toutefois à résonner dans certains quartiers à la mi-journée, notamment à Fidjrosse, près de l’aéroport, entretenant encore des doutes sur le contrôle réel exercé par les forces loyalistes. Selon l’Agence France-Presse, citant des sources sécuritaires, au moins douze militaires ont été arrêtés.
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