A Johannesburg, l’Afrique du Sud sauve la face d’un G20 à bout de souffle

Boycotté par les Etats-Unis, le sommet a tout de même réussi à adopter une déclaration finale. « Le G20 arrive peut-être à la fin d’un cycle », s’est interrogé Emmanuel Macron.

Le Monde  – En l’absence des Etats-Unis, qui ont boycotté l’événement, il s’agissait pour le sommet des chefs d’Etat du G20, réunis à Johannesburg, samedi 22 et dimanche 23 novembre, d’envoyer un signal : le multilatéralisme bouge encore et la planète ne peut être otage de la première puissance mondiale. Pour y parvenir, l’Afrique du Sud, qui assurait cette année la première présidence africaine du forum, a bousculé les usages.

Traditionnellement, l’adoption d’une déclaration commune des chefs d’Etat intervient en fin de sommet. Pas cette fois. Samedi, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a fait adopter ce texte en ouverture des discussions, en accord avec « de nombreuses délégations », a-t-il fait savoir.

Un message clair envoyé aux Etats-Unis, alors que l’administration américaine avait signifié son opposition, en son absence, à l’adoption d’une telle déclaration. Et une victoire diplomatique pour l’Afrique du Sud, prise en grippe par l’administration Trump, qui s’est appliquée à saper la présidence sud-africaine du forum tout au long de l’année.

Alors que Pretoria s’était engagé à mettre les priorités des pays en développement en haut de l’agenda de ce G20, la déclaration insiste notamment sur la question de la soutenabilité de la dette et celle du soutien aux pays victimes de catastrophes climatiques. Son adoption « réaffirme notre engagement renouvelé en faveur de la coopération multilatérale et notre reconnaissance du fait que nos objectifs communs l’emportent sur nos différences », a salué le président sud-africain en clôture du sommet.

Déclin du multilatéralisme

Si cette déclaration non contraignante reste largement symbolique, un échec à l’obtenir n’en aurait pas moins constitué une première – un signal supplémentaire du déclin du multilatéralisme et de l’effacement de ce forum créé en 1999.

Sur le papier, le G20 de Johannesburg sauve donc les apparences, même si les discussions ont été largement dominées par le dossier ukrainien, qui divise jusqu’au sein du camp occidental. La tonalité des discours prononcés durant deux jours par les différents chefs d’Etat trahit aussi la profondeur de l’inquiétude. « Le G20 arrive peut-être à la fin d’un cycle », a ainsi prévenu le président français Emmanuel Macron, dans une sortie rappelant celle, fin 2019, sur une OTAN « en état de mort cérébrale ».

« On voit que l’on vit un moment de notre géopolitique où nous avons beaucoup de mal à régler autour de cette table, ensemble, et y compris avec les membres qui ne sont pas présents aujourd’hui, des grandes crises internationales », a poursuivi le chef de l’Etat français, soulignant l’incapacité du forum à se mettre d’accord sur des principes comme « la défense du droit humanitaire, la souveraineté des peuples, la dignité humaine ».

Absence de nombreux dirigeants

Le premier ministre chinois, Li Qiang, a quant à lui estimé que « l’unilatéralisme et le protectionnisme sont omniprésents » et que « beaucoup de gens se demandent ce qui arrive exactement à la solidarité mondiale ». « Il ne fait aucun doute que le chemin à venir sera difficile », a renchéri son homologue britannique Keir Starmer, ajoutant : « Nous devons trouver des moyens de jouer à nouveau un rôle constructif aujourd’hui face aux défis mondiaux. »

Autre symptôme de ce multilatéralisme empêché, l’absence de nombreux dirigeants au sommet de Johannesburg. Outre le boycott des Etats-Unis, les dirigeants chinois, saoudien, argentin, mexicain et indonésien étaient également absents de la réunion, où ils étaient représentés par des dignitaires de rang inférieur. Visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, Vladimir Poutine ne pouvait quant à lui se rendre en Afrique du Sud, signataire du Statut de Rome, sans risquer d’être arrêté.

Lire la suite

 

 

 

 

 

Source : Le Monde

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page