– Quand Cheikh Sylla s’envole, jeudi 20 novembre, pour l’Arabie saoudite, où il doit rejoindre son ami, l’international sénégalais Sadio Mané, l’entrepreneur de 48 ans sait que son voyage n’aura rien de touristique. Bourges et son club de football, qu’il préside depuis 2017, devrait être un des principaux sujets à l’ordre du jour. Dans ce tête à tête prévu à Riyad, la star du ballon rond et actuel numéro 10 d’Al-Nassr enfilera la tunique d’actionnaire majoritaire du Bourges FC, pensionnaire de National 2 – N2, la 4e division française –, dont il a acquis 80 % des parts en octobre 2023.
Il sera question de « faire le point sur les projets en cours », esquisse Cheikh Sylla, qui gère désormais les affaires du footballeur en métropole et en Afrique. Et de peaufiner la stratégie en cours, qu’il a contribué à échafauder en attirant son compatriote millionnaire dans le Berry, pour accompagner le club vers le professionnalisme.
« L’objectif que nous avons fixé est d’atteindre la Ligue 2 d’ici à 2030 et d’offrir une passerelle entre le Sénégal et la France, avec la création d’un centre de formation à Bambali, le village natal de Sadio Mané, détaille Cheikh Sylla. Ses moyens financiers apportent une assise indéniable [le budget du Bourges FC a plus que doublé, atteignant près de 3 millions d’euros pour l’exercice 2025-2026], mais forger un club viable au haut niveau ne se décrète pas, ça se construit. Il faut structurer, fédérer et trouver un équilibre. »
L’équipe fanion, qui se déplace à Dieppe (Seine-Maritime), samedi 22 novembre, dans le cadre de la 11e journée – sur trente – du championnat de N2, occupe actuellement la 2e place de son groupe. Seule la première serait synonyme de montée à l’échelon supérieur à l’issue de la saison.
« C’est un pari mais il y a des actes »
« C’est un pari. L’économie du football est fragile, les compétitions sont très disputées, mais il y a des actes », salue le maire (divers gauche) de Bourges, Yann Galut. Comme beaucoup, l’élu a d’abord compté parmi ceux qui n’osaient pas tout à fait y croire. Mais, cinq ans après les premiers échanges avec les émissaires de l’attaquant, il est devenu l’un des artisans de l’ancrage de Sadio Mané dans la commune.
« Je me souviens d’un appel de Cheikh Sylla, reçu en septembre 2020, qui m’explique que quelqu’un veut me parler. Je me suis retrouvé en conversation vidéo avec Sadio Mané, qui était à l’époque le grand joueur de Liverpool, retrace l’édile. Il commençait à me détailler son projet social et sportif pour Bourges… J’ai pensé à une blague. »
Porté par le choix de sa ville pour devenir la capitale européenne de la culture en 2028 – processus amorcé en 2022 et entériné le 6 janvier 2024 –, Yann Galut a saisi l’occasion pour jouer les VRP auprès du clan Mané. « Ils ont compris l’intérêt et les perspectives que cela ouvre pour le territoire. J’avais besoin d’étoffer l’offre d’hébergement et de restauration haut de gamme notamment, pour répondre à la hausse de fréquentation touristique attendue, c’était gagnant-gagnant », explique le maire.
« L’effet Sadio »
Si « l’effet Sadio » vanté par tous s’observe déjà dans les travées du stade Jacques-Rimbault, l’investissement ne se restreint plus au carré vert. Selon une information du Berry républicain, confirmée au Monde, la villa particulière du footballeur doit sortir de terre dans les mois à venir, à quelques encablures de là. Mais les regards sont surtout tournés vers le centre historique de la capitale berrichonne, où la holding SM10 France, pilotée à distance par Sadio Mané, place discrètement ses jetons.
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