La Mauritanie a perdu depuis belle lurette sa place de pays aux côtes les plus poissonneuses au monde.Elle a aussi malheureusement livré ses immenses ressources minières aux pillages les plus éhontés.
Son pétrole qui avait nourri tant d’espoirs n’est plus qu’un lointain mirage.Les mauritaniens entendent dire que leur pays recèle toutes sortes de richesses naturelles sans en ressentir les effets positifs sur leur quotidien.Incroyable mais vrai pour un pays qui compte une population très réduite comparé à d’autres.
Sommes –nous maudits par tout ce trésor ou est-ce d’un trésor maudit que nous avons hérité ? Depuis plusieurs décennies la Mauritanie vit dans une précarité indescriptible. Le niveau de vie de sa population ne fait que se dégrader et les disparités entre les classes sociales ne font que s’accentuer. A qui la faute ? Tout le monde est d’accord pour dire que le pays a été mal géré, que les coups d’état militaires y sont pour beaucoup, que les crises politiques et les cassures ethniques ont bloqué le progrès économique et social. Mais le principal obstacle est à rechercher dans les plans de développement si tant il y en a. Ce qui en tient lieu tout de même ne relève que de la pure fabulation, un trompe-l’œil. La Mauritanie indépendante est née dans la confusion et construite dans la précipitation et ses jalons posés dans l’improvisation. Née à partir du néant depuis sa capitale devenue le centre des décisions. Avec des réunions sous des tentes jusqu’aux retrouvailles en conseils des ministres sous le béton, cette évolution d’une cinquantaine d’année a donné forme à un pays qui ne manque pas de ressources économiques et humaines pour rattraper son retard mais qui est tombé dans l’escarcelle de dirigeants sans niveau requis ni moralité décente pour conduire les destinées de ce vaste désert presque inhabité en comparaison avec sa superficie. Paradoxalement c’est le pays où les problèmes de logement se posent avec plus d’acuité, les problèmes d’accès aux services sociaux insolubles et le chômage de la jeunesse des plus élevés en Afrique. Jusqu’à quand cette situation grave va-t-elle se poursuivre avec des ressources halieutiques en constante baisse, les gisements miniers qui s’épuisent avec une exploitation abusive et sans grand rendement pour l’économie du pays. Pendant ce temps la démographie est en accélération, la paupérisation des couches vulnérables en flèche. Tous ces problèmes ne sont plus une vue de l’esprit mais une réalité évidente. Le temps continue sa course vers des horizons de plus en plus sombres pour une jeunesse désespérée. Il faut marquer un temps d’arrêt pour réfléchir sur les nombreux défis qui nous interpellent pendant qu’il est encore possible de le faire. Il faut repenser de façon globale l’avenir de la Mauritanie sur tous les plans set surtout pas sur le plan de l’improvisation et des spéculations. Il faut mettre en plan notre modèle de développement inspiré des problèmes spécifiques que nous vivons. Une sorte de plan Marshall à la Mauritanienne adapté à notre contexte social, économique et politique.
Cheikh Tidiane Dia
Source : Le Rénovateur le 02/02/2011
