La démocratie n’est pas un luxe et si s’en est un il faut transformer ce luxe en outil de développement.En 2006 la Mauritanie a subitement pris une certaine longueur d’avance sur certains pays de la sous-région pour être citée en référence.Cette courte parenthèse s’est vite refermée.
En serait-on là aujourd’hui ?L’heure est à un autre examen au laboratoire.Les mauritaniens auront-ils l’énergie psychologique nécessaire pour tenir le coup dans un contexte des plus difficiles que traverse le pays.Le malaise se ressent et les déceptions sont visibles sur les visages même si le système tente de minimiser..
l’ampleur des préoccupations. Quand tout va bien cela se voit. Quand ça peut aller chacun se débrouille. Mais quand ça ne va plus, le désastre s’installe et les facteurs de dégradation se multiplient. Le baromètre politique est monté très haut, le thermomètre social affiche un niveau tout aussi élevé. Au point qu’il n’est pas exagéré de parler de crise aigue qui frappe le pays. La tension est visible dans les rues avec la grève qui agite les campus universitaires, le déploiement des forces de l’ordre dans les artères de la ville. A cela s’ajoute le drame humanitaire à nos frontières avec le Mali et qui nous concerne tous. La Mauritanie est assez fragile pour supporter tous ces courants qui l’agitent dans tous les sens. Notre démocratie a du mal à prendre son envol car à chaque fois elle contrariée dans son élan par d’autres forces endogènes et exogènes. Nous sommes arrivés à un stade où on ne sait plus par où donner de la tête. Nos programmes sont dispersés, les décisions sont prises sous le seau de l’urgence, la machine politique et sociale est saturée. Mais l’indifférence devant la succession des événements ne fait qu’ouvrir d’autres fronts qui finiront par avoir un angle de convergence pour ébranler la quiétude des citoyens, et paralyser le système démocratique. Nous l’avions dit à maintes reprise, la meilleure stratégie n’est pas de se cantonner dans une attitude minimaliste et porter le manteau de l’autruche. Il faut briser le silence, voir la réalité en face sans complaisance pour trouver des voies de sortie de crise. Le président Aziz est comme tout genre humain faillible. Il faut qu’il accepte les critiques et écoute la voix du peuple par la bonne oreille au lieu de laisser la caravane passer après les hurlements populaires. Surtout ne pas se prêter aux apparences faciles de l’implication de l’opposition dans les moindres mouvements qui agitent le pays. A supposer que cela soit vrai, il doit pouvoir trouver d’autres moyens plus tactiques pour engager des discussions avec les grévistes pour mieux les écouter. Mais le jeu actuel auquel se livre le pouvoir ne fait que renforcer les appréhensions de l’opposition et lui donner le temps de se reconstituer. Il suffit de régler les revendications des étudiants pour se persuader du caractère purement syndical des troubles qui ont éclaté. Accuser des mains déstabilisatrices est une chose, prendre des mesures courageuses d’apaisement c’est encore mieux pour le pays, le climat politique et social dans son ensemble. La démocratie mauritanienne est encore précaire pour l’usage de la force contre la grogne populaire. Comme si un mauvais coup de sort est jeté dans notre appareil politique , Soit dit en passant …
Cheikh Tidiane Dia
Source : Le Rénovateur le 16/02/2012
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