Mauritanie : les héritiers de l’esclavage en pompiers en retard

(Haratins dans les adwabas. Crédit photo : Ely ould Maghlah)

Les séquelles de l’esclavage sont sans doute en passe d’être réglées en Mauritanie. Du moins si l’on se refère aux décisions cette semaine du gouvernement de Ould Laghdaf de créer une agence nationale de lutte contre ce fléau dont l’objectif est de réaliser des programmes sociaux pour les victimes.

Il s’agira de créer toutes les conditions nécessaires pour l’insertion sociale des Haratins grâce à des actions sur « l’accès à l’eau potable, aux services sociaux à la promotion de l’habitat et les activités génératrices de revenus ».

Le régime de Ould Aziz mange ainsi son chapeau en offrant la perspective pour son gouvernement d’éradiquer les séquelles de l’esclavage en Mauritanie dans un contexte où il a toujours nié ce phénomène alors que les ONG nationales comme l’IRA ainsi que d’autres associations de défense des droits de l’homme ne cessent de dénoncer « cette pratique massive et permanente couverte par un voile d’impunité ».Ce renversement de l’histoire est servi par la réalité presque quotidienne de cas présumés d’esclavage à Nouakchott comme à l’intérieur du pays dénoncés à chaque fois par l’IRA de Ould Abeid. Une histoire qui s’est montrée ingrate pour le président des militants anti-esclavagistes dont l’organisation n’est toujours pas reconnue officiellement mais peut être fier du travail déjà accompli pour la liberté et la dignité des Haratins comme en témoigne récemment la caravane contre l’esclavage au cœur du système féodal de la Mauritanie. Fluctuante pour les héritiers de l’esclavage représentés par les classes dirigeantes et qui semblent reculer d’un pas en pompiers en retard pour colmater les brèches en mettant en place une agence nationale de lutte contre les séquelles de l’esclavage .Une reconnaissance de fait que le gouvernement de Ould Laghdaf essayera de traduire dans les faits par des actions portant sur l’accès à l’eau potable de cette frange de la population mauritanienne longtemps laissée en rade dans les quartiers périphériques de Nouakchott et les grandes villes du pays vivotant de petits boulots. Il s’agira également qu’ils accèdent aux services sociaux et de santé de l’Etat notamment pour ces nouveaux esclaves modernes symbolisés par les dockers qui fourmillent dans les ports de Nouakchott, de Nouadhibou et les travailleurs précaires dans les villes minières de Zouérate et d’akjoujt. Tous sont surexploités physiquement et trouvent à peine de quoi survivre voire même se loger. L’idée d’une agence nationale est inimaginable il y a quelques années. Mais il n y a rien de plus trompeur que de véhiculer un changement relatif aux grandes évolutions de la société mauritanienne sans volonté politique réelle et si les mesures d’accompagnement de criminalisation de l’esclavage ne sont pas appliquées. De même rien ne sert de créer une agence nationale sans moyens et sans en impliquer les premiers concernés. L’éradication du fléau est enfin l’affaire de tous les mauritaniens. A ce titre, le constat que l’IRA est irremplaçable et reste emblématique de par son poids sur la scène nationale et internationale. Aux héritiers de l’esclavage de prouver qu’ils ont changé pour que la société mauritanienne en sorte gagnante. C’est une œuvre de longue haleine.

Bakala Kane{jcomments on}

(Reçu à Kassataya le 24/03/2013)

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