Mauritanie : Silence ! Déni de justice et d’impunité

Plus d’une semaine après les révélations de la presse nationale sur la découverte par des gendarmes de 15 squelettes dont 9 sont ligotés aux pieds et aux mains à Choum au Nord du pays près de la frontière avec le Sahara occidental les observateurs sont inquiets voire indignés du peu de réactions de la classe politique et de la société civile en particulier l’opposition démocratique sur le silence des autorités de Nouakchott sur ce charnier.

 

Pour l’instant en première ligne des réactions suite  les FPC et le Collectif des veuves et orphelins qui ont demandé cette semaine dans le cadre d’une tribune à la presse toute la lumière sur cette découverte macabre.Le président Samba Thiam a interpellé les organisations internationales des droits de l’homme et la société civile à parer au plus pressé avant que les autorités du pays utilisent des bulldozers pour effacer les traces au moins des 9 squelettes ligotés aux pieds et aux mains compromettant les criminels.Deux réactions qui constituent une goutte d’eau dans l’océan de l’échiquier politique et poussent les observateurs à s’interroger sur la nature de l’opposition et ses limites dans le champ de la cohabitation.

 

Au moment où elle se positionne comme la seule alternative à ce régime autoritaire de Ould Aziz ce silence est assourdissant.Quant à celui du pouvoir cette découverte qui daterait de plus d’un mois et révélé seulement il y a une semaine explique bien son intention de fermer ce dossier troublant qui relance sur la scène publique les années de braise où des militaires et des civils noirs ont été exécutés extrajudiciairement dans plusieurs localités au Nord et Sud du pays.Rien que ces soupçons justifieraient des enquêtes. Malheureusement le chef présumé de tous ces crimes l’ancien président Ould Taya exilé au Qatar avait promulgué une loi d’amnistie en 93 pour protéger ses frères d’armes. Et l’ex -Général Ould Aziz sur ces traces a soldé le passif humanitaire pour éviter une commission de vérité et de réconciliation nationale avant lui -même d’initier un autre génocide dit biométrique pour priver de milliers de noirs de leur identité mauritanienne.

 

Ce déni de justice et d’impunité a poussé les ONG nationales des droits de l’homme à déposer des plaintes à Bruxelles et à Paris pour juger les criminels devant la cour pénale internationale de justice. En attendant que le dernier charnier de Choum livre tous ses secrets les historiens Ciré Bâ et Diagana Abdoulaye ouvrent un nouveau débat sur la cohabitation en affirmant qu’à partir de maintenant la réconciliation nationale passera par une requalification du passif humanitaire en génocide.

 

Bakala KANE

 

(Reçu à Kassataya le 4 avril 2018)

Les opinions exprimées dans cette rubrique n’engagent que leurs auteurs. Elles ne reflètent en aucune manière la position de www.kassataya.com

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page