Niger – 2023, 2024, 2025, 2026… Détention sans fin pour Mohamed Bazoum ?

Les jours du président nigérien, renversé en juillet 2023, se suivent et se ressemblent. Les lettres ouvertes et autres tribunes demandent, jusque-là sans succès, sa remise en liberté ainsi que celle de son épouse.

Jeune Afrique – Dans le manuel du parfait petit putschiste figure en bonne place la question du sort réservé au prédécesseur, qu’il faut empêcher d’accéder à un statut de martyr. Si l’exil, par une fuite plus ou moins orchestrée, fait craindre les effets d’une liberté de parole, de nombreux exemples montrent que l’aura se dégonfle plus qu’elle ne se cultive. Alpha Condé ou Andry Rajoelina ne semblent empêcher ni Mamadi Doumbouya ni Michaël Randrianirima de dormir.

Il reste cependant, comme au Sahel, la possibilité de garder le président renversé sous le coude. Le Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré ne fait pas d’ombre à Ibrahim Traoré, comme le Malien Ibrahim Boubakar Keïta faisait profil bas, avant son décès en janvier 2022. Le Niger, lui, continue d’incarcérer un Mohamed Bazoum qui a entamé, le lendemain de Noël, son 29e mois de séquestration.

Les motifs de l’incarcération

Pourquoi le président renversé en juillet 2023 fait-il l’objet de ce traitement rare pour un ancien chef d’État élu ? D’abord, la junte affirme que Bazoum aurait commis des actes relevant d’un « complot d’atteinte à la sécurité et l’autorité de l’État » et d’un « crime de trahison »

Des chefs d’accusation qui nécessiteraient une incarcération préventive, le second faisant planer le risque d’une condamnation à mort. Les conseils juridiques de Bazoum dénoncent pourtant une absence de procédure judiciaire documentée, en dépit de la levée de l’immunité du concerné.

L’autre raison du maintien en détention de l’ancien chef d’État est sans doute à chercher du côté du fait qu’il n’a toujours pas signé sa démission, ce qui pourrait être un détail pour un régime ayant accédé au pouvoir par une violation de loi fondamentale.

Enfin, le troisième motif – inavoué – pourrait être le besoin d’un bouclier humain, hypothèse renforcée par la maigre distance géographique entre le lieu de détention de Bazoum et la base du général Abdourahamane Tiani. L’actuel premier responsable du Niger accuse des puissances étrangères de lui mener une « guerre totale » qui n’exclurait pas une intervention militaire.

Mobilisation infertile ?

Une mobilisation récurrente présente l’ancien chef d’État nigérien comme le « symbole universel » du combat pour la démocratie contre la dictature militaire.

Mi-décembre, le Collectif international pour la libération de Mohamed Bazoum adressait une lettre ouverte, signée par plus de 150 personnes, au secrétaire général des Nations unies et aux présidents des commissions de l’Union européenne (UE), de l’Union africaine (UA) et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

Le 26 novembre dernier, c’est une tribune des enfants du président élu qui demandait à la communauté internationale de prendre publiquement position pour la libération de leur père, mais aussi de leur mère également retenue « de façon arbitraire » et sans évaluation médicale idoine. Las, en l’absence de signes de clémence, Mohamed Bazoum devrait commencer 2026 comme 2024 et 2025.

 

Damien Glez

 

 

Source : Jeune Afrique – (Le 30 décembre 2025)

 

 

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