
Après deux rencontres disputées face au Botswana et à la République démocratique du Congo, le Sénégal affiche un bilan comptable correct (4 points sur 6). Pourtant, derrière les chiffres bruts et les scores, une lecture plus fine révèle des failles structurelles récurrentes dans le jeu des Lions.
Des lacunes visibles, mesurables et surtout vérifiables.
Sénégal – Botswana (3-0) : une supériorité écrasante… mais imparfaitement exploitée
Sur le papier, la victoire est nette. Sur le terrain, la domination sénégalaise est totale : près de 68 % de possession, 28 tirs, dont 17 cadrés, et une équipe botswanaise quasiment asphyxiée pendant 90 minutes.
Les buts sont signés Nicolas Jackson (doublé) et Chérif Ndiaye, avec des passes décisives venues des côtés : Ismail Jakobs, Ismaïla Sarr et Cheikh Sabaly.
Mais un chiffre interpelle immédiatement : 14 arrêts du gardien botswanais. Autrement dit, malgré l’avalanche d’occasions, le Sénégal a souvent frappé sans précision maximale, avec des tirs trop lisibles ou insuffisamment travaillés dans la zone de vérité.
Le constat est simple : dominer n’est pas un problème. Transformer cette domination en efficacité clinique, en revanche, reste un chantier.
Sénégal – RDC (1-1) : la possession sans tranchant
Face à une opposition plus structurée, le Sénégal retrouve un schéma familier mais bien plus problématique. Les Lions confisquent le ballon (64 % de possession), mais n’en tirent que 11 frappes, dont seulement 3 cadrées exactement autant que la RDC.
La rencontre bascule sur une transition congolaise conclue par Cédric Bakambu, avant l’égalisation de Sadio Mané, l’un des rares Sénégalais réellement décisifs dans le dernier tiers.
Ce match met en lumière une réalité dérangeante : le Sénégal a le ballon, mais peine à pénétrer l’axe, à casser les lignes et à créer des occasions nettes face à un bloc compact.
Une même racine, deux symptômes
Beaucoup de tirs, mais pas toujours de danger “propre”
Contre le Botswana, le Sénégal tire énormément mais oblige surtout le gardien adverse à briller. Contre la RDC, il tire peu… et mal. Dans les deux cas, la qualité de finition et la sélection des frappes interrogent.
Un axe offensif trop facilement neutralisé
Avec un double pivot composé de Idrissa Gana Gueye et Pape Gueye, l’équilibre est assuré, mais la créativité axiale reste limitée lorsque l’adversaire refuse les espaces. Iliman Ndiaye se retrouve souvent isolé entre les lignes, et Jackson manque de ballons exploitables dos au but.
Une transition défensive encore fragile
Le but encaissé contre la RDC illustre une faiblesse déjà connue : lorsque les latéraux (Jakobs, Krépin Diatta) et les ailiers montent haut, la perte de balle expose la défense centrale. Dans ce type de match, une seule transition bien exécutée suffit à punir.
Ce que disent réellement ces deux matchs
Le Sénégal reste une équipe dominante, athlétiquement supérieure, capable d’imposer son rythme et de contrôler le ballon. Les chiffres de possession et de tirs en sont la preuve.
Mais ces deux rencontres racontent la même histoire : contre une équipe faible, la domination masque l’inefficacité ; contre une équipe organisée, la possession devient stérile.
Le Sénégal ne manque ni de talent ni d’expérience. Il lui manque encore ce supplément de précision, de créativité axiale et de sécurité à la perte qui fait la différence entre un favori crédible… et un futur champion. Et à ce niveau de compétition, ce sont précisément ces détails-là qui décident du destin d’un tournoi.
Souleymane Hountou Djigo
Journaliste, blogueur



