– L’Alliance des Etats du Sahel (AES), composée du Mali, du Burkina Faso et du Niger, se structure. Pour la seconde fois depuis le sommet fondateur de Niamey en 2024, ses dirigeants se sont retrouvés à Bamako les 22 et 23 décembre pour inaugurer un média commun et discuter de la mise sur pied d’une force armée conjointe.
Créée en septembre 2023 par les militaires arrivés au pouvoir dans ces trois pays par des putschs entre 2020 et 2023, cette confédération lie ses membres par un « devoir d’assistance et de secours » face à toute agression dans un contexte de progression des groupes jihadistes dans leurs pays.
A Bamako, les ministres et dirigeants de l’AES ont évoqué la création d’une Force Unifiée, déjà annoncée en janvier 2025, qui devrait être dotée d’un effectif de 5 000 hommes. Samedi 20 décembre, le président malien Assimi Goïta en a présenté l’étendard et a procédé à la nomination du général malien Daouda Traoré comme commandant. Aucune date d’entrée en activité effective de cette force n’a cependant été communiquée.
« Faire entendre la voix de la Confédération »
Une télévision et une radio communes ont également été inaugurées, sans date précise de lancement. La première aura son siège à Bamako quand la seconde disposera de deux antennes relais à Bamako et à Niamey. « Daandé Liptako » signifiant en langue peule « La voix du Liptako » sera diffusée sur la fréquence 94.0 FM, celle sur laquelle se trouvait précédemment Radio France Internationale (RFI) — suspendue dans les trois pays depuis plusieurs années.
D’après les ministres des affaires, qui ont paraphé la convention de mise en place de ces médias, ceux-ci auront pour mission de « promouvoir l’intégration régionale, de valoriser les actions et politiques publiques des Etats membres, de renforcer l’accès à une information fiable pour les populations et de faire entendre la voix de la Confédération sur les scènes régionale et internationale »
Une Banque confédérale pour l’investissement et le développement, commune aux trois pays, annoncée le 11 décembre, a également été inaugurée lors de ce sommet. Cette institution financière basée à Bamako est présentée comme « un instrument stratégique de souveraineté économique ». Selon ses statuts, elle aura pour mission de « mobiliser des ressources propres afin de financer des projets structurants dans les domaines des infrastructures, de l’agriculture, de la sécurité alimentaire, de l’énergie, des interconnexions régionales et de l’appui au secteur privé ».
Elle devra faire face à des défis sécuritaires et géopolitiques majeurs. « L’instabilité persistante dans certaines zones du Sahel pèse sur l’attractivité des investissements, augmente le risque des projets et peut freiner la mobilisation de partenaires financiers, malgré la pertinence économique de nombreux projets », analyse l’économiste nigérien Adamou Louche Ibrahim, contacté par Le Monde. La banque devra également trouver un équilibre entre apports des Etats membres, innovation financière, crédibilité auprès des investisseurs régionaux et capacité à attirer des cofinancements.
Renforcer leur alliance
Outre ces institutions, les ministres de la justice de l’AES ont évoqué dans un communiqué conjoint daté du 30 mai 2025, la création future d’une cour pénale sahélienne et des droits de l’homme. Le 22 septembre, les trois pays ont annoncé leur retrait de la Cour pénale internationale, qu’ils ont accusée de s’être transformée en « un instrument de répression néocoloniale aux mains de l’impérialisme, devenant ainsi le symbole d’une justice sélective à l’échelle mondiale ».
Depuis leur retrait avec « effet immédiat » en janvier 2024 de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, avec laquelle ils entretenaient des relations conflictuelles à la suite de leurs coups d’Etat, les trois pays s’efforcent d’œuvrer au renforcement de leur alliance. L’absence remarquée du chef de la junte burkinabée Ibrahim Traoré lors du premier jour du sommet lundi 22 décembre, et son arrivée tardive le lendemain, ont cependant alimenté les spéculations sur les réseaux sociaux quant à l’existence de différends entre les dirigeants.
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