Le 360.ma – C’était le premier pari du nouveau président de la Banque africaine de développement, le Mauritanien Sidi ould Tah qui a réussi à convaincre 43 partenaires régionaux et internationaux à contribuer au Fonds africain de développement dans l’un des environnements mondiaux les plus difficiles.
En poste depuis le 1er septembre 2025, Sidi ould Tah était très attendu pour son premier grand challenge à la tête de la Banque africaine de développement (BAD): la reconstitution du Fonds africain de développement, le guichet de la BAD le plus accessible pour les pays les plus pauvres du continent. Et il a réussi son premier pari dans un contexte pourtant loin d’être des plus favorables après la décision du président Donald Trump de supprimer la contribution américaine de 550 millions de dollars accordés au Fonds. Les Etat-Unis ont justifié cette suppression par l’absence d’alignement de cette aide avec les priorités de son administration. Cette décision américaine a coïncidé avec les annonces de baisse des montants alloués par d’autres partenaires.
Dans ce contexte peu favorable, l’ancien patron de la Banque arabe de développement pour l’Afrique (Badea) a démontré sa capacité à convaincre les partenaires et aussi et surtout tenu sa promesse d’élargir les partenaires à d’autres acteurs, notamment ceux du Moyen-Orient, les monarchies du Golfe, jusque-là faiblement représentés dans le capital de la BAD.
Et pour cette sortie, le Fonds Africain de Développement a mobilisé 11 milliards de dollars de la part de 43 partenaires. «Il s’agit de la plus importante reconstitution de l’histoire du Fonds en dépit de sérieuses contraintes budgétaires au niveau mondial et d’une baisse des budgets consacrés à l’aide au développement», souligne un communiqué de la BAD.
Plus concrètement, ce montant est en hausse de 23% par rapport à la reconstitution précédente. «Il ne s’agit pas seulement d’une reconstitution de ressources (…) C’est un tournant. Dans l’un des environnements mondiaux les plus difficiles pour le financement du développement, nos partenaires ont choisi l’ambition plutôt que la réduction des dépenses, et l’investissement plutôt que l’inertie», s’est réjouit Sidi ould Tah.
Au-delà, il faut souligner le nombre croissant de pays africains ayant contribué au FAD. «L’Afrique est désormais co-investisseur dans son propre avenir», a déclaré Sidi ould Tah, président de la BAD. A titre d’illustration, 23 pays africains (dont 19 pour la première fois) ont participé à ce cycle de financement en mobilisant 182,7 millions de dollars, contre seulement 5 lors du précédent.
Mais la plus grande nouveauté a été l’implication des pays arabes à travers la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea) pour 800 millions de dollars ou encore le Fonds de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, le Fonds de l’OPEP pour le développement international pour un montant de 2 milliards de dollars, soit au total 2,8 milliards de dollars à travers des mécanismes de co-financement.
Le Fonds permet aux pays ciblés d’emprunter à des taux avantageux pour financer leurs projets de développement. Parmi les domaines prioritaires bénéficiant des financements du FAD figurent: élargissement de l’accès à l’énergie, renforcement des systèmes alimentaires et de la sécurité alimentaire, investissement dans le capital humain, promotion de l’intégration régionale et du commerce et, enfin, la mise en place d’infrastructures résiliantes.
Depuis sa création, le fonds a investi environ 58 milliards de dollars sur l’ensemble du continent. Le Fonds, reconstitué tous les trois ans par le biais de négociations avec les pays contributeurs, fournit des financements essentiels au développement de 37 économies appelée à devenir les prochains marchés émergents du continent. Ce Fonds est également destiné aux États fragiles nécessitant un soutien ciblé pour leur assurer l’accès aux services de base.
Par ailleurs, il faut souligner l’innovation apportée par le nouveau président qu’est le nouveau modèle financier adopté par les partenaires. Cette nouveauté permet au FAD d’emprunter sur le marché financier, de déployer des instruments innovants (notamment des capitaux hybrides) et d’utiliser le financement concessionnel de manière stratégique pour absorber les risques, attirer les capitaux privés et catalyser les investissements à grande échelle. «Cela permet au financement concessionnel de remplir sa mission première, à savoir absorber les risques, débloquer les investissements privés et accélérer le développement à grande échelle», a expliqué Sidi ould Tah.
En conclusion de ce qui précède, après ce premiers succès, l’ancien ministre de l’Économie de la Mauritanie et ex-directeur de la BAD peut se focaliser sur ses quatre priorités: décupler les montants engagés par la BAD, transformer la banque en chef de file des acteurs financiers africains, créer massivement de l’emploi pour les jeunes en soutenant les PME et accélérer la construction des infrastructures africaines de transport et d’énergie.
Source : Le 360.ma
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