Courrier international – “Le monde a fait un petit pas supplémentaire vers la fin de l’ère des énergies fossiles, mais pas suffisamment pour enrayer les ravages du dérèglement climatique”, résume The Guardian, après la signature, samedi 22 novembre, d’un accord parachevant deux semaines de négociations à la COP30 à Belém, au Brésil.
Les 194 pays réunis − à l’exclusion des États-Unis, qui n’avaient pas envoyé de délégation − ne sont en effet parvenus qu’à “un accord volontaire pour entamer des discussions sur une feuille de route en vue d’une sortie progressive des énergies fossiles”, sans que ces derniers soient explicitement mentionnés dans le texte.
Le quotidien britannique ajoute qu’une feuille de route pour stopper la déforestation a par ailleurs été retirée de l’accord final, une “amère déception pour les défenseurs de la nature”, lors de cette “COP de la forêt tropicale” tenue à Belém, près de l’embouchure du fleuve Amazone.
Les négociations climatiques s’enlisent
Cet accord, analyse le Washington Post, “représente une victoire pour les industries pétrolières, gazières et charbonnières” et souligne “à quel point le contexte politique mondial a évolué” depuis l’accord de Paris, signé il y a dix ans et qui s’engageait à maintenir le réchauffement climatique à la fin du siècle à moins d’1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels.
Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, soutenu par près de la moitié des pays participants, avait pourtant “insisté”, relate le quotidien américain, pour “la fin des énergies fossiles” soit mentionnée dans l’accord final.
Mais les principaux producteurs de pétrole, Arabie saoudite et Russie en tête, alliés à des dizaines de pays en développement, s’y sont vivement opposés. “Plusieurs d’entre eux ont argué qu’ils étaient incapables de réduire leur consommation d’énergies fossiles alors qu’une grande partie de leur population n’avait pas accès à l’électricité”, rapporte le Post. Pour eux, les aides au développement restent la priorité.
Selon El País, cette impasse représente “indéniablement une victoire pour les États pétroliers galvanisés par la vague d’extrême droite” qui déferle actuellement sur le monde. Les signataires se sont tout de même engagés à “tripler d’ici 2035” les fonds qu’ils consacrent à l’adaptation aux impacts du changement climatique, précise le quotidien espagnol, ainsi à instaurer un “dialogue” sur le commerce mondial, suite aux critiques formulées par la Chine à l’encontre de la taxe sur le dioxyde de carbone mise en œuvre par l’Union européenne.
“Emmène dans la bonne direction”
La dernière séance plénière, relate la Fohla de Sao Paolo, a été “marquée par des critiques quant à la manière dont la présidence brésilienne menait les débats”. En effet, plusieurs pays d’Amérique latine ont “contesté certains points du texte approuvé” et se sont plaints d’être “ignorés” par le président de la conférence, André Correa do Lago. Parmi eux, la Colombie a été la plus virulente, menaçant de “bloquer l’approbation” du texte final, adopté par consensus.
Sur les réseaux sociaux, le président colombien, Gustavo Petro, a dit refuser “que la déclaration de la COP30 n’affirme pas clairement, comme le fait la science, que la cause de la crise climatique est l’utilisation des énergies fossiles par le capital.” La séance a été interrompue pendant une heure, à l’issue de laquelle, raconte le quotidien brésilien, la Russie a pris la parole pour “exprimer sa solidarité avec le Brésil” et accuser la Colombie et consorts de se comporter comme des “enfants”.
À la fin des négociations, le commissaire européen au climat, Wopke Hoesktra, a reconnu que l’UE aurait préféré un texte “plus d’ambition sur tout”, estimant qu’il fallait néanmoins soutenir le compromis “car, au moins, il nous emmène dans la bonne direction”, rapporte Le Temps. Le quotidien suisse ajoute que les Européens avaient surtout peur de se retrouver “isolés” et d’apparaître comme “responsables d’une catastrophe diplomatique au moment où ils cherchent à maintenir en vie le régime climatique mondial”.
Source : Courrier international (France)
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